John William Keating, arpenteur-géomètre (né en 1802 en Angleterre; décédé le 13 août 1868 au Canada). John Keating était un arpenteur-géomètre qui a joué un rôle clé dans la cession des terres autochtones du Haut-Canada et du Canada-Ouest.
Arrivée au Canada et vie personnelle
John William Keating émigre au Canada en 1831, à l’âge de 29 ans. Il arrive en compagnie de son beau-père Edward Favel Davis, de sa mère Elizabeth Jane Frances, et de son frère cadet Horace Keating. Formé en tant qu’ingénieur civil et arpenteur en Grande-Bretagne ou en Inde, John William Keating obtient le titre officiel d’arpenteur-géomètre adjoint pour la province du Haut-Canada en 1832. Après avoir tenté de se joindre à une équipe d’exploration dans le nord du lac Huron en 1834, il s’installe sur l’île Saint-Joseph au lac Huron, en 1835. En 1937, il épouse Julia Marie Paladeau, une catholique d’origine française et anishinaabe. Entre 1837 et 1859, le couple a onze enfants. Son épouse et les liens familiaux de celle-ci dans la région des Grands Lacs permettent à John William Keating d’entrer en contact avec des chefs anishinaabe et métis. Ces relations lui permettent également d’apprendre l’anishinaabemowin. Leur maison et leur scierie à Point Grondine sont acquises de manière douteuse durant les relevés des réserves des Premières Nations de 1852, en vertu du traité Robinson-Huron de 1850. Le site devient connu sous le nom de « Captain Keating’s Old Location ».
Carrière et controverse
En 1838, durant la rébellion du Haut-Canada, John William Keating propose de lever une armée de guerriers autochtones pour combattre au nom de la Couronne. Bien que son offre soit déclinée, il est nommé surintendant adjoint intérimaire des Indiens pour la région de la partie inférieure de la rivière Sainte-Claire. Son poste est officialisé en 1838. Il travaille pour le ministère des Affaires indiennes jusqu’à son congédiement pour corruption le 30 juin 1845 (voir aussi Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord). Alors qu’il travaille à ce poste, John William Keating se livre à diverses activités douteuses. Il participe à la manipulation de nomination de chefs, il est impliqué dans le sectarisme religieux, et il est également impliqué dans des pratiques douteuses entourant la distribution des rentes annuelles à l’île Walpole. Après son congédiement, John William Keating se consacre à la spéculation et à la prospection jusqu’à ce que le ministère des Affaires indiennes le réembauche dans les années 1850.
Grâce à son métier et ses liens familiaux, John William Keating découvre divers gisements minéraux le long de la rive nord des lacs supérieurs. Dans le cadre de cette découverte, il promet aux Anishinaabe de les soutenir dans leurs revendications minières. Il est au courant des revendications des Anishinaabe sur les rives nord du lac Huron et du lac Supérieur, ainsi que de l’absence de traité qui autorise l’accès légal aux ressources et aux terres autochtones. Malgré cela, John William Keating utilise ses connaissances en prospection pour acquérir un site minier. Il participe également à la création de la Huron and Sault Ste. Marie Mining Company, qui devient éventuellement Bruce Mines. De plus, il se joint à l’Association minière du Québec et du lac Supérieur, qui opère à Mica Bay dès 1847 (voir aussi Incident de Mica Bay). Ces compagnies sont éventuellement vendues à la Montreal Mining Company.
En août 1849, John William Keating écrit une lettre au rédacteur en chef du Chatham Chronicle dans laquelle il dénonce les dirigeants anishinaabe et leurs revendications sur les terres et les ressources. Il agit ainsi pour soutenir la Couronne et les locataires miniers, ainsi que pour ses propres intérêts financiers et miniers. L’année suivante, en 1850, le gouvernement embauche John William Keating comme traducteur pour William B. Robinson en vue des négociations du traité à Sault Ste. Marie. Lors de la rédaction du texte du traité, John William Keating remplace l’unité de mesure de distance qui est écrite en lieues par des milles, ce qui réduit la taille des réserves potentielles. Il est également largement responsable de la création de l’annexe du traité, qui contient les descriptions des réserves à arpenter et les listes de rentes annuelles.
Par la suite, John William Keating est nommé par le Canada-Ouest pour assister l’arpenteur provincial John Stoughton Dennis. Son travail consiste à déterminer l’emplacement des limites de la réserve et à régler les différends relatifs à l’interprétation de ces limites. John William Keating utilise sa position pour s’assurer que ses propres sites miniers et ceux de ses amis ne sont pas affectés par les limites de la réserve. Par exemple, lors de l’arpentage de la réserve de Garden River en 1852, il fait en sorte que la majeure partie des gisements miniers d’Arthur J. Rankin soit exclue de la réserve. Il modifie également la limite nord pour en exclure les ressources forestières et minérales. En 1853, sous sa direction, la réserve de Fort William est arpentée et sa taille s’avère plus petite que ce qui a été négocié. John William Keating est ensuite impliqué dans un projet de chemin de fer qui vise à dépouiller la Première Nation de Saugeen de sa réserve, en 1853 et 1854. En 1857, le ministère des Affaires indiennes recrute John William Keating pour obtenir la cession de la réserve de Batchewana, sur le lac Supérieur. John William Keating rapporte au surintendant général du Département des Affaires indiennes, Richard T. Pennefather, qu’il a obtenu la cession le 20 juillet 1857. Confronté à des accusations de fraude de la part des dirigeants de la Première Nation de Batchewana, Richard T. Pennefather rejette le traité de John William Keating. Cependant, grâce aux efforts de ce dernier, Richard T. Pennefather négocie avec succès la cession de la réserve de Batchewana en 1859 (voir aussi Traités Pennefather). Sans se laisser décourager, John William Keating se lance dans la tentative d’obtenir des concessions pétrolières sur les réserves de Delaware et de Garden River dès le milieu des années 1860. Il cherche également à obtenir des concessions minières sur la réserve de Garden River en 1865. Le surintendant des Affaires indiennes, Charles Dupont, s’oppose aux efforts de John William Keating pour obtenir des concessions minières et pétrolières à Garden River par l’entremise de corruption et sans le soutien du gouvernement. Son décès, qui survient au mois d’août suivant, met fin à l’implication de John William Keating dans l’acquisition des terres et des ressources des Premières Nations.
Legs
Les actions de John William Keating laissent un héritage de revendications territoriales pour le Canada, l’Ontario et les nations autochtones. Par exemple, l’utilisation de milles au lieu de lieues comme unités de mesure et le mauvais tracé des limites des réserves en 1852 et 1853 donnent lieu à de multiples revendications de la part des Anishinaabe qui ont signé les traités Robinson de 1850. Toutefois, les tentatives de John William Keating de négocier des concessions minières, pétrolières et ferroviaires directement avec les Anishinaabe donnent lieu à une documentation écrite qui illustre les revendications des Autochtones sur le contrôle des ressources ainsi que leur compréhension des traités de 1850.