Les soldats canadiens ont libéré la ville d’Apeldoorn aux Pays-Bas le 17 avril 1945, peu avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. Les Pays-Bas étaient occupés par les forces allemandes depuis 1940 et n’ont été complètement libérés par les forces alliées qu’en mai 1945. L’opération Apeldoorn a commencé le 11 avril 1945 lorsque la 1re Division d’infanterie canadienne a traversé la rivière IJssel et s’est ensuite approchée de la ville. La défense allemande, craignant l’encerclement, s’est retirée sans donner trop de fil à retordre. Les Canadiens ont repris les commandes de la ville avec un minimum de pertes civiles et de dégâts matériels, même si 506 d’entre eux sont morts au cours de l’opération. Près de 80 ans plus tard, les résidents d’Apeldoorn commémorent toujours les soldats canadiens venus libérer leur ville. En 2005, Apeldoorn a été jumelée avec la ville de Burlington, en Ontario.

Occupation allemande d’Apeldoorn
Apeldoorn comptait 72 600 résidents au début de la guerre. C’est là que se trouve le palais de la famille royale, Het Loo. La ville avait terriblement souffert de l’occupation allemande, en particulier au cours de l’hiver de la faim de 1944-1945. La situation n’était guère meilleure pour d’autres villes de l’ouest des Pays-Bas, notamment Amsterdam, Rotterdam et La Haye. En avril 1945, une partie du pays avait été libérée, mais pas l’ouest, qui demeurait occupé. Alors que les autres forces alliées pénétraient en Allemagne, la Première Armée canadienne a reçu l’ordre de faire sortir les forces allemandes encore installées aux Pays-Bas.
Libération de l’ouest des Pays-Bas
Dans leur incursion en Rhénanie, les Alliés avaient contourné une grande partie des Pays-Bas, notamment les grandes villes de l’ouest du pays. En avril, la Première Armée canadienne reçoit l’ordre de libérer le reste des Pays-Bas. Le 1er Corps canadien attaque au nord et à l’ouest tandis que le 2e Corps canadien attaque au nord et à l’est. La rivière IJssel, affluent du Rhin qui se jette dans la mer du Nord, divise alors grossièrement les deux corps. Le 2e Corps canadien s’occupe de la rive est de l’IJssel, et la 1re Division d’infanterie canadienne, temporairement affectée à la mission, traverse l’IJssel et dirige son attaque vers l’ouest. Le 1er Corps canadien, accompagné de la 5e Division canadienne (blindée), de la 1re Brigade blindée canadienne et de la 49th (West Riding) Division britannique, attaque ensuite en direction du nord depuis son poste autour de Nijmegan pour reprendre Arnhem.

Opération Cannonshot
Le major général Harry Foster commande la 1re Division d’infanterie canadienne lors de la traversée de la rivière IJssel en vue de la libération d’Apeldoorn. On a donné à l’opération le nom de code Cannonshot. Le plan de Foster allait comme suit : dans un premier temps, la 2e Brigade d’infanterie canadienne traverse la rivière entre Deventer au nord et Zutphen au sud. Ensuite, la 1re Brigade d’infanterie canadienne élargit la tête de pont et fonce vers Apeldoorn. Au même moment, la 3e Brigade d’infanterie canadienne traverse l’IJssel plus au sud et se dirige vers Apeldoorn depuis le sud-est.
Le 11 avril en fin d’après-midi, les deux bataillons de tête de la 2e Brigade d’infanterie canadienne, le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI) et le Seaforth Highlanders of Canada, traversent la rivière IJssel à bord de Buffalo, un véhicule amphibie à chenilles. Les Sherman du 1st Hussars traversent la rivière en radeau. L’attaque surprend la défense allemande, et l’opposition est presque inexistante pour les Canadiens. Tôt le lendemain matin, le PPCLI protège la tête de pont d’une contre-attaque allemande, et la 1re Brigade d’infanterie canadienne commence sa traversée.
Le 12 avril, le commandant de la 1re Brigade d’infanterie canadienne, le brigadier James Desmond Blaise « Des » Smith, envoie le Royal Canadian Regiment (RCR) et le 48th Highlanders of Canada à la tête de pont, chacun accompagné d’un escadron du 1st Hussars. La traversée et le débarquement du RCR se font sans vraiment d’opposition. Le 48th Highlanders doit pour sa part composer avec une certaine résistance. Le lieutenant-colonel Donald Mackenzie, commandant du 48th, est tué par des tirs d’obus lors d’une reconnaissance personnelle. Son commandant en second, le major James Counsell, prend la relève au moment où le capitaine George Beal mène une attaque de flanc à la tête de la compagnie A qui met fin à la riposte allemande (le capitaine Beal a reçu la Croix militaire pour cette attaque et pour une charge à la baïonnette qu’il a menée deux jours plus tard). Le 12 avril en fin de journée, le 48th atteint Twello, une ville à peu près à mi-chemin entre l’IJssel et Apeldoorn, et rattrape le temps perdu à bord des Sherman du 1st Hussars. Pendant ce temps, le RCR avance sur le flanc gauche du 48th afin d’étoffer l’avancée canadienne.
Après la traversée de l’IJssel, le 1er Corps canadien entame son attaque contre Arnhem tard dans la soirée du 12 avril. La 49th (West Riding) Division prend vite l’ascendant à Arnhem, et la 5e Division canadienne (blindée) se dirige rapidement vers le nord, en direction de l’IJsselmeer. La défense allemande à Apeldoorn constate que leurs voies de communication vers l’ouest sont sur le point d’être coupées. Son plan d’origine, bloquer l’avancée des Alliés en se positionnant derrière le canal d’Apeldoorn, ne tient plus.

Libération d’Apeldoorn
Le major-général Foster veut encercler Apeldoorn et forcer la défense allemande à se rendre. La 1re Brigade d’infanterie canadienne avance vers Apeldoorn tandis que la 3e Brigade d’infanterie canadienne attaque au sud de la ville, tentant de traverser le canal et d’arriver par-derrière dans la ville. La 2e Brigade d’infanterie canadienne est détournée vers le sud pour rejoindre le flanc droit de la 49th (West Riding) Division.
La 1re Brigade d’infanterie canadienne atteint les faubourgs de la ville le 13 avril, mais le canal met un frein à la plupart des tentatives de pénétrer dans la ville. Le 48th Highlanders mène des combats dans les faubourgs au sud jusqu’au bord du canal, puis laisse sa place au RCR. Le commandant de la brigade repositionne le 48th pour attaquer la ville par le nord. Cependant, dans la nuit du 16 avril, le RCR échange des coups de feu avec la défense allemande le long du canal, après quoi la résistance néerlandaise informe le RCR que les Allemands se retirent. Le RCR réagit promptement et dépêche des patrouilles dans la ville, qui capturent des soldats allemands ayant pour mission de détruire les écluses du canal. Le brigadier Smith envoie le 48th Highlanders et le Hastings and Prince Edward Regiment à Apeldoorn pour sécuriser d’autres emplacements d’importance. Le lendemain, la 1re Brigade d’infanterie canadienne occupe la ville. Le West Nova Scotia Regiment, de la 3e Brigade d’infanterie canadienne, avait alors atteint la limite sud de la ville.
À Apeldoorn, les soldats canadiens se font accueillir par une foule de civils fort heureux qui leur font don de nourriture et de fleurs et arborent des drapeaux néerlandais qu’ils avaient cachés pendant l’occupation. Cependant, il n’y a pas vraiment eu de place pour le répit à Apeldoorn. Les 1re et 3e Brigades d’infanterie canadiennes sont immédiatement envoyées au nord et à l’ouest à la poursuite des Allemands qui battent en retraite. La plupart d’entre eux retourneront dans leurs cantonnements à Apeldoorn et dans les environs quelques semaines plus tard. Les Pays-Bas sont libérés le 5 mai (Jour de la Libération) et l’Allemagne capitule le 8 mai (Jour de la Victoire en Europe).
Mémoire
La libération d’Apeldoorn a coûté la vie à 506 Canadiens du 11 au 17 avril. Les morts sont enterrés au cimetière de guerre canadien de Holten. La libération d’Apeldoorn et du reste des Pays-Bas a donné naissance à une relation entre Canadiens et Néerlandais qui perdure encore aujourd’hui. Chaque veille de Noël, des écoliers néerlandais déposent des bougies sur les tombes des soldats du cimetière de Holten en mémoire de leurs libérateurs canadiens.