Des écoles, dirigées par l’Église, pour les enfants autochtones sont créées au Canada dans les années 1600. En 1883, le gouvernement canadien participe financièrement et contribue à l’ouverture d’écoles religieuses supplémentaires, avec comme objectif d’assimiler les enfants autochtones au sein de la société blanche chrétienne dominante. Lorsque le dernier pensionnat indien ferme en 1996, plus de 150 000 enfants des Premières Nations, métis et inuits ont été, au fil du temps, contraints de fréquenter ces écoles, contre leur gré et contre la volonté de leurs parents. Là, ils ont été nombreux à avoir subi des violences physiques, émotionnelles et sexuelles, entraînant le décès de milliers d’entre eux. Les effets sociaux et psychologiques multigénérationnels des pensionnats indiens se sont avérés et continuent de s’avérer dévastateurs. Le gouvernement fédéral et les églises ont présenté des excuses pour ce qui est maintenant largement considéré comme une forme de génocide. (Voir aussi Génocide et peuples autochtones au Canada.)
Faire connaître ce qui s’est passé dans ces écoles constitue un élément essentiel du processus de réconciliation et de guérison. Dans le cadre de cet effort essentiel, de nombreux livres pour enfants ont été écrits sur ce sujet. Cette liste comprend des titres pour les enfants de tous les âges, des tout‑petits aux préadolescents. Ensemble, ces ouvrages explorent une variété de thèmes liés aux pensionnats indiens, notamment le traumatisme intergénérationnel, la revitalisation des langues autochtones, la commémoration et le pouvoir de la résistance.
1. Phyllis’s Orange Shirt (2018; trad. Le chandail orange de Phyllis, 2020), de Phyllis Webstad, illustré par Brock Nicol. Recommandé pour les 4 à 6 ans.
Tous les 30 septembre, le Canada observe la Journée du chandail orange pour rendre hommage aux victimes et aux survivants des pensionnats indiens. La Journée du chandail orange est inspirée de l’histoire de Phyllis Webstad, qui avait reçu un chandail orange de sa grand‑mère pour son premier jour à l’école. Le livre raconte la façon dont ce chandail lui a été confisqué par les religieuses. Ce vol en est venu à symboliser tout ce qui a été pris aux enfants, aux familles et aux collectivités autochtones. Sur le rythme doux d’une comptine enfantine, l’ouvrage évoque le temps passé par Phyllis à l’école.
2. Shi‑shi‑etko (2005; trad. Shi‑shi‑etko, 2019), de Nicola Campbell, illustré par Kim Lafave. Recommandé pour les 4 à 7 ans.
L’histoire débute lorsqu’une petite fille nommée Shi‑shi‑etko réveille sa mère et lui annonce qu’il ne reste que quatre jours avant qu’elle ne doive partir pour aller au pensionnat indien. Ensemble, elles marchent jusqu’à un ruisseau, où la mère de Shi‑shi‑etko lui explique qu’en dépit de tout ce qu’elle endurera à l’école, elle doit toujours se souvenir de sa terre et du mode de vie traditionnel de son peuple. Alors que le compte à rebours a commencé, le père, la grand‑mère et les cousins de Shi‑shi‑etko lui rappellent d’autres choses à garder dans sa mémoire. Le livre dépeint avec force tout ce que les pensionnats indiens cherchaient à détruire.
3. Kookum’s Red Shoes, de Peter Eyvindson, illustré par de Sheldon Dawson (2015). Recommandé pour les 4 à 8 ans.
Kookum, dont le nom signifie « grand‑mère » en cri, assimile sa jeunesse heureuse à celle de Dorothy dans Le magicien d’Oz. Elle a même une paire de chaussures rouges comme celles de Dorothy. Mais, un jour, un camion arrive dans une tornade de poussière et l’enlève, avec d’autres enfants, pour l’emmener dans un endroit effrayant loin de chez elle : le pensionnat indien. Des religieuses cruelles y maltraitent les enfants, les obligeant à respecter certaines règles comme l’interdiction de parler leur langue. Lorsqu’il lui est permis de rentrer chez elle pour l’été, la petite fille retrouve sa famille changée et attristée, et découvre que ses précieuses chaussures rouges ont changé, comme elle, et ne lui vont plus. Le livre parle du pouvoir de la guérison et de la reconnexion avec sa culture et sa communauté.
4. Arctic Stories, de Michael Kusugak, illustré par Vladyana Krykorka (1998). Recommandé pour les 4 à 8 ans.
Situé en 1958, le livre propose trois histoires sur une petite fille inuite solitaire de 10 ans nommée Agatha. Dans la première histoire, Michael Kusugak va au‑delà de ses expériences personnelles avec des histoires extraordinaires, comme lorsqu’Agatha sauve son village d’un dirigeable noir. Dans le deuxième récit, Agatha découvre le monde naturel en nourrissant des oiseaux et en se liant d’amitié avec eux. Dans la dernière histoire, la petite fille est forcée de quitter sa famille et son domicile pour fréquenter un pensionnat indien. Là, elle trouve des religieuses et des prêtres cruels et indifférents, ce qui ne l’empêche pas de sauver un prêtre qui était tombé dans l’eau en brisant la glace, alors qu’il « faisait le malin ».
5. When We Were Alone (2016; trad. Quand on était seuls, 2018), de David A. Robertson, illustré par Julie Flett. Recommandé pour les 6 à 8 ans.
L’histoire est racontée du point de vue d’une petite fille nommée Nósism, qui aide sa grand‑mère, Kókom, dans le jardin. Nósism demande à sa grand‑mère pourquoi elle porte toujours des vêtements colorés, pourquoi ses cheveux sont toujours coiffés en longues tresses, pourquoi elle parle cri et pourquoi elle aime être avec sa famille. La grand‑mère répond à chaque question en expliquant à sa petite‑fille que toutes ces choses lui étaient interdites lorsqu’elle fréquentait le pensionnat indien. Kókom ajoute qu’avec les autres enfants ils trouvaient toujours des moyens pacifiques de se rebeller et de se souvenir de leur culture. L’histoire célèbre l’importance de conserver les traditions autrefois perdues dans les pensionnats indiens.
6. When I Was Eight (2013; trad. Quand j’avais huit ans, 2022), de Christy Jordan‑Fenton et Margaret Pokiak‑Fenton, illustré par Gabrielle Grimard. Recommandé pour les 6 à 9 ans.
Une petite fille inuite nommée Olemaun raconte la façon dont, à l’âge de huit ans, elle sait déjà comment vivre sur sa terre et avec les étrangers avec lesquels sa famille interagit occasionnellement. Voulant apprendre à lire, elle harcèle son père pour fréquenter l’école des étrangers, jusqu’à ce qu’il finisse par accepter à contrecœur. À l’école, son nom inuit est remplacé par un nom anglais, Margaret. On lui coupe ses tresses et on lui fait porter des vêtements inconfortables. Avec les autres enfants, elle est forcée de travailler plutôt que d’étudier et est traitée avec cruauté. En dépit de tous ces obstacles, la résiliente Olemaun va apprendre à lire.
7. The Train, de Jodie Callaghan, illustré par Georgia Lesley (2020). Recommandé pour les 6 à 9 ans.
Ashley, une jeune micmaque, est en route pour l’école lorsqu’elle rencontre son grand‑oncle près d’une voie ferrée abandonnée. Quand elle lui demande pourquoi il a l’air si triste, il commence à raconter une histoire de son passé. Losqu’il était jeune, un train est venu l’emmener, avec d’autres enfants, au pensionnat indien. Il narre certaines de ses expériences douloureuses, Ashley ayant du mal à comprendre comment quelque chose d’aussi terrible a pu se produire. Il explique à la petite fille qu’il attend que tout ce qui a été perdu revienne un jour. Ashley promet d’attendre avec lui.
8. Stolen Words (2017; trad. Les mots volés, 2017), de Mélanie Florence, illustré par Gabrielle Grimard. Recommandé pour les 6 à 9 ans.
Une fillette heureuse de sept ans rentre chez elle avec un attrape‑rêves qu’elle a fabriqué à l’école. Elle demande à son grand‑père comment dire « grand‑père » en cri, mais il répond tristement qu’il ne se souvient pas du mot. Il explique comment lui et d’autres enfants ont été enlevés de leurs maisons et des bras de leurs mères qui pleuraient, par des hommes et des femmes en colère, pour être placés dans des écoles où les anciens mots leur ont été volés. Elle lui donne le capteur de rêves pour l’aider à se souvenir des mots oubliés. Le lendemain, elle dit quelques mots en cri à son grand‑père et lui montre un livre intitulé Introduction au cri. Ensemble, ils commencent à se souvenir des mots volés. (Voir aussi Revitalisation des langues autochtones au Canada et Langues autochtones au Canada.)
9. As Long as the Rivers Flow (2005; trad. Tant que couleront les rivières, 2022), de Larry Loyie avec Constance Brissenden, illustré par Heather D. Holmlund. Recommandé à partir de 8 ans.
L’histoire se déroule dans le nord de l’Alberta, en 1944. Lawrence, un garçon cri de 10 ans, profite d’un été d’aventures amusantes et trouve un bébé hibou. Il apprend à s’occuper de lui; puis, lors d’un voyage en famille sur leur terre, il découvre les savoirs traditionnels et le respect de la nature. Lawrence s’inquiète cependant lorsqu’il entend des adultes dire qu’il devra fréquenter un pensionnat éloigné à l’automne. En septembre, un camion arrive et Lawrence et d’autres enfants en pleurs sont emmenés par de redoutables inconnus vêtus de noir.
10. Fatty Legs (2010; trad. Les bas du pensionnat, 2011), de Margaret‑Olemaun Pokiak‑Fenton et Christy Jordan‑Fenton, illustré par Liz Amini‑Holmes. Recommandé pour les 9 à 11 ans.
Les bas du pensionnat raconte l’histoire d’une fillette inuite de huit ans nommée Olemaun, plus tard appelée Margaret au pensionnat indien. Elle est tourmentée par une religieuse que les enfants appellent « le corbeau ». (Voir aussi Symbolisme du corbeau.) Pour humilier Margaret, le corbeau l’oblige à porter des bas rouges amples qui font paraître ses jambes bien plus grosses au lieu des bas gris ajustés portés par toutes les autres filles. La détermination de Margaret pour conserver sa dignité face aux brimades de la religieuse et aux railleries des autres enfants démontre le pouvoir de la résistance et de la résilience.