Peter Martin, loyaliste et soldat (né vers 1753; décédé avant 1816). Martin est l’un d’au moins vingt loyalistes noirs connus qui se sont installés dans le Haut-Canada après la Révolution américaine et l’un des nombreux habitants noirs de Newark (aujourd’hui Niagara-on-the-Lake, en Ontario). (Voir aussi Loyalistes noirs en Amérique du Nord britannique.) Peter Martin a joué un rôle déterminant dans le signalement de l’incident de Chloe Cooley au Conseil exécutif du Haut-Canada, ce qui a influencé la création de la Loi de 1793 visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada.
Loyaliste noir
Peter Martin, également connu sous le nom de Martin Stout, est un loyaliste noir qui s’est installé dans le Haut-Canada à la fin de la Révolution américaine. Il est alors courant que les personnes réduites en esclavage aient des noms différents – les noms qui leur sont attribués par leurs esclavagistes et les noms qu’elles choisissent d’adopter, surtout en liberté. Il a été autrefois asservi par John Butler à New York. Peter Martin est un ancien combattant des Butler’s Rangers, une unité de milice de l’armée britannique. Selon les documents existants, le témoignage de Peter Martin dans sa pétition de 1797 au gouvernement du Haut-Canada ainsi que dans une pétition de 1796 du colonel John Butler, lui et son frère Richard Stout sont nés en esclavage et ont été réduits en esclavage par Butler et sa famille près de l’actuelle ville de Fonda, dans le comté de Montgomery, dans l’État de New York. (Voir aussi Esclavage des Noirs au Canada.)
Peter Martin et son frère Richard Stout servent dans les Butler’s Rangers pendant quatre ans et demi. Ils sont émancipés (libérés) pour leur service, comme promis dans la Proclamation de Lord Dunmore. (Voir aussi Loyalistes noirs en Amérique du Nord britannique.) Peter Martin reçoit également une concession de terre de 300 acres à Niagara pour son service militaire. Richard Stout, quant à lui, décède peu après avoir été démobilisé à la fin de la Révolution américaine en 1783, avant qu’une concession de terre ne lui soit accordée. Cependant, le droit à la concession de terre de Richard sert à Martin en 1797.
Peter Martin et Richard Stout sont deux des vingt loyalistes noirs au moins qui se sont installés dans le Haut-Canada. Les frères sont également deux des nombreux habitants noirs de Niagara, dont la majorité est asservie. Les réalités complexes de ces deux statuts sociaux différents des Noirs dans la province ont un impact sur les familles noires du Haut-Canada, y compris la famille de Peter Martin. (Voir aussi Canadiens noirs.)
Vie familiale
Peter Martin a d’autres membres de sa famille avec lui à Niagara. Il est également père de deux enfants qui sont restés asservis par la famille Butler (voir Esclavage des Noirs au Canada). Le baptême de sa fille Jane est célébré et enregistré par le révérend Robert Addison de l’église anglicane St. Mark’s en 1793. L’inscription du baptême du 6 janvier 1793 se lit comme suit : « Jane, une fille de Martin, le nègre du colonel Butler. » Le jeune fils de Martin, George, est également retenu en esclavage par la famille Butler. Peter Martin est déterminé à essayer d’obtenir la liberté de ses enfants, que le colonel John Butler a légués à ses propres enfants et petits-enfants dans son testament. En effet, il lègue Jane à sa petite-fille Catherine et George, à son petit-fils John Butler. Ces deux petits-enfants sont la progéniture du fils du colonel John Butler, Thomas Butler. Le colonel laisse également une femme asservie nommée Pat à son fils Andrew Butler. Compte tenu des circonstances, il est probable que Pat est la mère des deux enfants de Peter Martin ou, du moins, la mère de Jane. On ne sait pas ce qu’il est advenu de Jane. Cependant, la situation critique de George Martin est documentée dans la pétition de son père en 1797 et plus tard dans la propre pétition foncière de George en 1816.
En 1797, Peter Martin s’arrange pour acheter son fils George à Thomas Butler. Le colonel Butler étant décédé en mai 1796, Peter Martin présente une pétition au lieutenant-gouverneur pour obtenir la concession de terre à laquelle son frère Richard, décédé, avait droit pour son service militaire. Dans sa pétition, Peter Martin explique qu’il veut vendre la terre pour réunir la somme de 60 £ N.Y.C. (monnaie de New York) afin d’acheter la liberté de son fils asservi. Peter Martin reçoit une concession de 300 acres et on peut supposer qu’il réussit ce faisant à acheter la liberté de son fils. Quinze ans plus tard, George Martin s’enrôle comme soldat dans le Coloured Corps et combat pendant la guerre de 1812.
Chloe Cooley et la loi visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada
Peter Martin contribue à informer le Conseil exécutif du Parlement du Haut-Canada de l’enlèvement et de la vente violents de Chloe Cooley, une femme noire réduite en esclavage à Niagara. Il est en effet témoin de l’incident et, avec un homme blanc du nom de William Grisley, rapporte la nouvelle aux membres de l’organe législatif supérieur. Cela conduit à l’introduction d’une loi visant à abolir progressivement l’esclavage dans la province, la Loi de 1793 visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada.
Vivre en liberté
Peu de temps après avoir obtenu la liberté de son fils, Peter Martin s’installe dans la ville de York (Toronto). Peter Martin est inscrit dans le recensement de 1801 de la ville avec un autre homme, probablement George. Il est de nouveau inscrit parmi les résidents de la ville de York l’année suivante. Après 1802, Peter Martin disparaît des registres historiques. Il est mentionné plus tard dans une pétition foncière de 1816 de son fils George Martin qui cherche des terres en tant qu’enfant d’un ancien combattant de la Révolution américaine. Selon la pétition de George en 1816, son père est mort. L’endroit où Peter Martin est mort et la cause de son décès, toutefois, ne sont pas clairs. Il est possible que son état physique ait contribué à sa mort, car il est décrit comme « infirme » dans sa demande de terres de 1797. On croit que Peter Martin est handicapé à cause d’une maladie ou d’une blessure possiblement subie pendant la guerre.
La quête de liberté de Peter Martin conduit à sa propre liberté et à celle de certains membres de sa famille. Bien qu’il ne réussit pas à influencer la libération de Chloe Cooley, ses actions contribuent à l’introduction d’une nouvelle loi qui ouvre la voie vers la liberté pour les Afro-Américains en quête de liberté. (Voir aussi Loi de 1793 visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada.)