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Tlicho (Dogrib)

Les Tlicho (Tłı̨chǫ), aussi appelés Dogrib, sont un peuple autochtone du Canada. Ils appartiennent à la désignation plus large des Dénés qui sont des peuples autochtones de la grande famille linguistique athapascane (ou athabascane). Le nom qu’ils se donnent eux-mêmes est Doné, ce qui veut dire « le peuple. » Pour se distinguer de leurs voisins dénés, incluant les Dénésulines, les Esclaves, les Sahtu Got'ine, et les Lièvres, ils en sont venus à s’identifier comme Tlicho, un mot qui veut dire « côte de chien » en cri, et qui fait référence à une histoire de la création. En 2005, l’accord tlicho, qui permet aux Tlicho de prendre possession de 39 000 km2 de leurs terres traditionnelles, devient le premier accord d’autonomie gouvernementale combiné à la revendication territoriale des Territoires du Nord-Ouest. Selon le Bureau de la statistique des Territoires du Nord-Ouest (2019), la population de la région des Tlicho sur le territoire est de 2983 habitants.

Territoire correspondant au Accord tlicho.
(avec la permission de Native Land Digital / Native-Land.ca)

Territoire traditionnel

Les terres des Tlicho s’étendent à l’est du fleuve Mackenzie, entre le Grand Lac des Esclaves et le Grand Lac de l’Ours dans les Territoires du Nord-Ouest. En 2005, la Loi sur les revendications et l’autonomie gouvernementale du peuple tlicho accorde aux Tlicho la propriété de 39 000 km2 de terre dans cette région, y compris les droits de la surface et des souterrains.

Les Tlicho ont quatre communautés : Behchokò (anciennement Rae-Edzo), qui est la communauté la plus peuplée, Wha Ti (anciennement lac La Martre), Gamèti (anciennement Rae Lakes), et Wekweèti (anciennement Snare Lake).

Population

D’une population d’environ 800 personnes au milieu du 19e siècle, les Tlicho comptent ensuite environ 1700 personnes en 1970, plus de 2000 personnes en 1996, et le recensement de 2006 dénombre 2020 personnes. Selon le Bureau de la statistique des Territoires du Nord-Ouest (2019), la population de la région des Tlicho sur le territoire est de 2983 personnes. La croissance de cette population reflète une tendance plus large chez les peuples autochtones du Canada; depuis 2006, la population autochtone a augmenté de 42,5 %.

Vie traditionnelle

Les liens de parenté étendus dans la société et la culture tlicho facilitent un passage aisé d’une bande à l’autre pour les familles.

Depuis l’Antiquité jusqu’à présent, les Tlicho chassent le caribou de la toundra dans la forêt boréale durant l’hiver, et ils suivent l’animal jusqu’aux abords de la toundra pendant le printemps, où ils le rencontrent à nouveau à l’automne. L’orignal et le lièvre de la forêt, ainsi que les oiseaux aquatiques et les poissons, sont des ressources de nourriture importante pour le peuple tlicho.

Au sein de chaque communauté tlicho, la prouesse de la chasse, associée à une généreuse préoccupation pour le bien-être du groupe, à la sagesse, aux habiletés oratoires et au pouvoir de la « médecine » (un pouvoir surnaturel accordé grâce à l’aide d’êtres animaux spirituels) mènent à l’autorité et au leadership.

Des jeunes filles tlicho (dogrib) à Fort Rae, dans les Territoires du Nord-Ouest, en 1937.

Langue

La langue tlicho (ou dogrib) est une langue déné. Selon le recensement de 2016 de Statistique Canada, 1695 personnes déclarent avoir une connaissance de la langue. Le tlicho est une langue officielle des Territoires du Nord-Ouest, et une des deux langues officielles du gouvernement tlicho, l’autre langue étant l’anglais. (Voir aussi Langues autochtones au Canada).

Histoire

Au début du 19e siècle, les Tlicho sont intimidés et attaqués par les membres de la bande des Couteaux-jaunes. Cependant, en 1823, le massacre par les Tlicho d’un groupe des Couteaux-jaunes dirigés par le chef Long Legs met fin à la menace. La tradition orale des Tlicho décrit comment, quelques années après le massacre, le chef tlicho Edzo et quelques-uns de ses compagnons ont rencontré le grand chef des Couteaux-jaunes, Akaitcho, et les membres de sa bande, et que grâce au pouvoir de la médecine et de la force oratoire, une paix durable s’est ensuivie.

Le Fort Rae (1852), situé sur le bras nord du Grand Lac des Esclaves, est le premier poste de traite établi sur les terres des Tlicho. Ceux-ci commencent à s’impliquer dans la traite des fourrures autour du début du 19e siècle. Dans certaines communautés tlicho, le recours traditionnel à la chasse, la pêche et le trappage demeure vital. Le trappage en tant qu’activité traditionnelle diminue de manière constante depuis la fin des années 1980, et dans le nord, il est généralement admis que cette baisse est une conséquence directe des mouvements en faveur des droits des animaux. Avec le développement des mines de diamants sur les terres traditionnelles des Tlicho, de nombreux hommes et femmes sont employés par les mines et les industries minières.  

Les missionnaires catholiques commencent la conversion des Tlicho en 1859. Comme dans le cas de beaucoup d’autres peuples autochtones du Canada, les enfants tlicho sont envoyés dans les pensionnats indiens, où ils sont forcés d’abandonner leur langue, leur culture et leurs coutumes. Les écoles qui sont créées dans les colonies tlicho à la fin des années 1950 facilitent un accès à la scolarité du sud, et préparent les enfants aux professions non traditionnelles.

Traité no 11

En 1921, les Tlicho, ainsi que d’autres groupes dénés du Grand Lac des Esclaves, signent le Traité no 11. Avec la pression croissante du développement de la vallée du fleuve Mackenzie durant les années 1960 et 1970, et avec de nombreuses dispositions du traité jamais respectées, les Dénés font pression sur le gouvernement fédéral pour que soient garantis leurs droits politiques, fonciers et leurs autres droits dans les Territoires du Nord-Ouest (voir aussi Traités numérotés).

Revendication territoriale des Tlicho

À partir de 1981, la nation déné (une organisation qui représente divers peuples dénés, incluant les Tlicho) négocie une revendication territoriale globale avec le gouvernement fédéral. Lorsque la direction des Dénés vote pour rejeter le projet d’accord final en 1990, les négociations échouent et le gouvernement fédéral commence à négocier des accords séparés avec les groupes dénés régionaux.

En 1995, les Tlicho commencent à négocier une revendication territoriale séparée basée sur une formule unique qui inclut les dispositions à la fois d’une revendication territoriale globale et d’un accord d’autonomie gouvernementale. La Loi sur les revendications et l’autonomie gouvernementale du peuple tlicho reçoit la sanction royale le 10 février 2005. Depuis, le gouvernement tlicho nouvellement formé a mis en place une structure de gouvernance fonctionnelle qui fournit des programmes et des services pour gérer les diverses dispositions de la revendication territoriale.

La revendication confère au Tlicho la propriété de 39 000 km2 de terres en un seul bloc, des droits de gestion partagés sur la Crown Land (terres de la Couronne) dans la zone de la revendication, 152 millions de dollars en indemnités versées sur 14 ans, et une part des redevances minières fédérales de la vallée du fleuve Mackenzie. De plus, la revendication accorde un pouvoir législatif aux citoyens des communautés tlicho sur les terres des Tlicho. Elle inclut également des aspects d’éducation, d’adoption, de services à l’enfance et aux familles, de formation, de soutien du revenu, de logement social, et de la langue et culture des Tlicho.

Le gouvernement moderne des Tlicho

Le drapeau du gouvernement et du peuple tlicho.

Le gouvernement tlicho est constitué d’un Conseil exécutif du Chef et d’une Assemblée tlicho tlicho. Le Grand Chef et les chefs de chacune des quatre communautés tlicho forment le Conseil exécutif du Chef, qui supervise l’adoption des lois tlicho. L’Assemblée tlicho, constituée de 13 membres, incluant les chefs et les représentants des conseils communautaires, est le corps législatif du gouvernement. Elle est également chargée de mettre en œuvre l’accord sur les revendications territoriales, de protéger les droits du gouvernement, et d’assurer une bonne gouvernance.

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