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Raymond Moriyama

Raymond Moriyama, C.C., O.Ont, architecte, planificateur (né le 11 octobre 1929 à Vancouver, en Colombie-Britannique; décédé le 1er septembre 2023). Raymond Moriyama est reconnu pour plusieurs bâtiments emblématiques à la fois au Canada et à l’étranger. Il est réputé pour sa sensibilité dans l’examen et le traitement de l’échelle humaine, pour son approche futuriste du design et pour son habileté à faire le lien entre l’architecture, la nature et le paysage.

Raymond Moriyama

Jeunesse et éducation

Les premières années de Raymond Moriyama sont marquées par un ensemble complexe de circonstances à travers lesquelles il développe un sens de l’action et une forte intuition. En raison de leur héritage japonais, sa mère, ses sœurs et lui sont envoyés dans un camp d’internement dans l’Ouest canadien durant la Deuxième Guerre mondiale. (Voir aussi Canadiens d’origine japonaise; Internement de la communauté japonaise au Canada.) Malgré ces défis, l’influence de sa famille nourrit chez lui un sens du pardon et de l’ouverture, conférant à Raymond Moriyama un sens clair de sa raison d’être dès son jeune âge. Durant ces années, son amour de la nature se développe et ne le quitte jamais.

Raymond Moriyama étudie à l’Université de Toronto et à l’Université McGill. Il commence à pratiquer son métier d’architecte à Toronto en 1958. Ses premiers travaux sont reliés à la famille Crothers, pour qui il réalise une gamme de projets dont le Used Equipment Centre, construit entièrement de ferraille. Le meilleur exemple de son travail durant cette période est peut-être le Japanese Canadian Cultural Centre (1963) à Toronto. Sa plus grosse commande en tant qu’architecte indépendant, avant son partenariat avec Ted Teshima, est le Centre des sciences de l’Ontario (1969) à Toronto.

Moriyama & Teshima

En 1970, Raymond Moriyama entre en partenariat avec Ted Teshima afin de fonder la firme d’architectes Moriyama & Teshima. La reconnaissance envers leurs projets ne tarde pas à se manifester puisqu’ils reçoivent les médailles du Gouverneur général en architecture pour le Scarborough Civic Centre (1973), pour la Metropolitan Toronto Reference Library (1977) et pour Science Nord (1984) à Sudbury.

L’œuvre de Raymond Moriyama varie en échelle, allant de la conception d’une cloche cérémonielle japonaise primée, la Goh Ohn Bell à Ontario Place (1977), jusqu’à la planification de projets à long terme et sensibles à l’environnement comme le vaste plan directeur de la Meewasin Valley, en Saskatchewan (1979) et la vision de 100 ans pour Niagara Falls.

L’un des projets de Raymond Moriyama les plus médiatisés est l’ambassade du Canada à Tokyo (1991), située sur un emplacement prestigieux adjacent aux terrains impériaux d’Akasaka et au parc commémoratif Takahashi à Tokyo. Le toit unique du bâtiment est inspiré des restrictions de conception de la ville, qui exigent que le nouvel édifice de l’ambassade ne projette qu’une ombre limitée sur le terrain du Palais impérial de Tokyo et sur le Takahashi Memorial Park. L’ambassade dispose de grands espaces à l’intérieur qui permettent la transparence et l’accessibilité, et elle est également devenue un lieu de rencontre pour les Canadiens et les Japonais.

L'Ambassade du Canada à Tokyo

En 1995, Raymond Moriyama complète le Bata Shoe Museum à Toronto. Le projet est louangé pour ses qualités sculpturales et la magnifique interaction entre sa façade de calcaire inclinée vers l’extérieur et son entrée de verre de deux étages en forme de pyramide. En 1996, la construction d’un autre projet innovateur est complétée: Casino Rama, un casino construit sur les terres de réserve de la Première Nation des Chippewas de Rama. (Voir aussi Premières Nations en Ontario; Réserves en Ontario.)

Bata Shoe Museum

Après avoir remporté une compétition internationale, Moriyama & Teshima font la conception du Musée national saoudien, qui ouvre ses portes dans la capitale Riyad en 1999. Travaillant avec plusieurs partenaires internationaux, la firme crée un bâtiment remarquable qui incorpore des cours invitantes, de l’eau ainsi qu’un mur couvert de calcaire local.

Musée national de l'Arabie Saoudite

Le Musée canadien de la guerre

Le Musée canadien de la guerre à Ottawa, qui ouvre ses portes en mai 2005 (issu d’une collaboration avec Griffiths Rankin Cook Architects, maintenant GRC Architects), peut être vu comme un point culminant approprié pour la carrière de Raymond Moriyama. Ce projet phare est dévoué à l’exploration des thèmes de la mémoire, de la régénération et de la condition humaine. Le bâtiment affiche des géométries audacieuses et visuellement frappantes ainsi que des matériaux qui interagissent de façon artistique. L’expression horizontale de l’édifice sur le site est étudiée encore plus en profondeur à l’intérieur, où sont offerts des espaces expansifs remplis de lumière naturelle. Raymond Moriyama décrit la genèse du bâtiment ainsi que sa signification dans son livre In Search of a Soul : Creating the New Canadian War Museum (2006).

Retraite

Raymond Moriyama prend sa retraite de la firme d’architectes Moriyama & Teshima en 2003, et une nouvelle génération en assume la direction. Les fils de Raymond Moriyama, Ajon et Jason Moriyama, deviennent partenaires de la firme. Ajon Moriyama ouvre son propre cabinet en 2013.

Raymond Moriyama a affirmé que pour lui, « l’architecture est un processus d’enquête incessant qui doit se soucier des questions humaines, écologiques, techniques, économiques et esthétiques », et son œuvre incarne ce principe.

Autres activités

Raymond Moriyama devient le sixième chancelier de l’Université Brock en 2001. Il est chancelier de l’université jusqu’en 2007.

En 2013, Raymond Moriyama, l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC) et la Fondation de l’IRAC établissent le Prix international de l’IRAC (anciennement le Prix international Moriyama IRAC). Décerné tous les deux ans, ce prix célèbre l’architecture « qui transforme la société et promeut la justice, le respect, l’égalité et l’inclusion ».

Prix et distinctions

Raymond Moriyama est le récipiendaire de nombreux prix et distinctions, dont le Sakura Award décerné par le Japanese Canadian Cultural Centre de Toronto en 2010. Il reçoit ce prix pour son travail sur l’édifice original du Centre et pour sa contribution tout au long de sa vie à la culture japonaise au Canada et à l’étranger. Il devient membre de l’Ordre de l’Ontario (1992) et de l’Ordre du soleil levant (Japon). Raymond Moriyama devient également Officier de l’Ordre du Canada (1985), et est plus tard nommé Compagnon (2008). Ses autres prix incluent la Médaille d’or de l’Institut royal d’architecture du Canada (1997), la Médaille de la Confédération du Canada ainsi qu’un prix pour l’ensemble de ses réalisations en design de l’Ordre des architectes de l’Ontario (2012). Il remporte aussi des Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques (2009) et il reçoit des diplômes honorifiques de nombreuses universités. À ce riche répertoire viennent s’ajouter des prix pour l’innovation matérielle, le design urbain ainsi que la conception d’éclairage.