L’église anglicane Sainte-Anne était située sur l’avenue Gladstone dans le quartier résidentiel de Brockville à Toronto en Ontario (près des rues Dufferin et Dundas). (Voir aussi L’anglicanisme au Canada.) Construite en 1907-1908 dans le style néo-byzantin, l’église anglicane Sainte-Anne contenait une remarquable collection de tableaux d’artistes canadiens de premier plan, dont trois membres du Groupe des Sept. (Voir aussi J.E.H. MacDonald; Frederick Horsman Varley; Franklin Carmichael.) L’église a été désignée lieu historique national du Canada en 1996. Le 9 juin 2024, l’église a été détruite par un grave incendie.
Histoire et architecture
La conception de l’église anglicane Sainte-Anne doit ses origines au révérend Lawrence Skey, recteur de l’église de 1902 à 1933. Théologien de formation, Lawrence Skey croit fermement en un retour aux racines préromaines du christianisme. Peu de temps après sa nomination à Sainte-Anne, il prend un congé sabbatique pour étudier l’architecture des églises. Ses voyages le mènent à Istanbul, où la magnifique église byzantine Sainte-Sophie (532-537 de notre ère) l’impressionne fortement.
À son retour à Toronto, Lawrence Skey organise un concours d’architecture et il attribue le contrat pour la construction de la nouvelle église à un jeune architecte de Toronto, William Ford Howland, qui aurait possiblement accompagné Lawrence Skey à Istanbul. Le projet proposé par William Ford Howland, radicalement différent de l’architecture gothique conventionnelle préférée par l’Église anglicane du Canada, n’est pas populaire parmi les paroissiens. (Voir aussi L’anglicanisme au Canada.) Néanmoins, Lawrence Skey parvient à avoir ce qu’il veut. Les travaux sont terminés en octobre 1908 après deux ans, et ils coûtent 55 000 $, une somme considérable à l’époque.
L’église Sainte-Anne est construite en béton et en brique et elle est basée sur un plan cruciforme avec un dôme central distinctif de 21 mètres de hauteur (comparativement aux 55,6 mètres de l’église Sainte-Sophie). Les pendentifs de soutien (supports d’angle triangulaires et sphériques de la coupole) jaillissent de quatre colonnes en pierre de Caen.
Groupe des Sept
Une fois l’église construite, le révérend Lawrence Skey se tourne vers la décoration de l’intérieur qui est en béton terne. Au Arts and Letters Club de la rue Elm à Toronto, il se lie d’amitié avec J.E.H. MacDonald, qui aime les plans de Lawrence Skey. En 1923, J.E.H MacDonald accepte une commande pour peindre et décorer Sainte-Anne. Il fait appel à neuf autres artistes, dont deux autres membres du Groupe des Sept, soit Frederick Horsman Varley et Franklin Carmichael, ainsi qu’à l’architecte William Rae et aux sculptrices Frances Norma Loring et Florence Wyle.
Lawrence Skey contribue fortement au thème de la décoration. Les symboles grecs relient Sainte-Anne au passé. Les peintures des pendentifs illustrent la vie de Jésus. Le grand dôme est décoré de divers symboles en rouge. La corniche du dôme porte les écritures à feuille d’or : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » Frederick Horsman Varley peint les quatre têtes massives des prophètes Moïse, Isaïe, Jérémie et Daniel. La Transfiguration de J.E.H. MacDonald, un sujet sur lequel Lawrence Skey a écrit, est placée au-dessus de la fenêtre centrale. Les tableaux principaux sont placés dans les quatre pendentifs : La Nativité (Frederick Horsman Varley), la Crucifixion (J.E.H. MacDonald), la Résurrection (H.S. Palmer) et l’Ascension (H.G. Stansfield). En 1995, le critique d’art John Bentley Mays décrit l’effet global comme « une symphonie de couleurs et de design ». Les fresques murales de l’église sont les seules œuvres d’art religieuses connues du Groupe des Sept.
Patrimoine
En 1980, en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, la ville de Toronto reconnaît la valeur architecturale et historique de l’église anglicane Sainte-Anne. En reconnaissance des œuvres d’art de l’église, cette dernière est également désignée lieu historique national du Canada en 1996. (Voir aussi Lieux historiques nationaux du Canada.)
Incendie
Le 9 juin 2024, le bâtiment et les objets intérieurs de l’église anglicane Sainte-Anne sont détruits par un grave incendie. La cause de l’incendie fait toujours l’objet d’une enquête. Dans un article paru dans The Globe and Mail, l’historien d’architecture Peter Coffman décrit l’incendie comme « une catastrophe pour l’architecture canadienne, l’art canadien et le patrimoine canadien ».
Les pompiers devant l’église anglicane Sainte-Anne
Le 9 juin 2024, l’église anglicane Sainte-Anne de Toronto en Ontario a été détruite par un grave incendie.
(Photo de Nick Lachance/Toronto Star via Getty Images)