Les Wendats (également connus sous le nom de Hurons-Wendats) sont une nation parlant une langue iroquoienne qui s’est installée dans la vallée du Saint-Laurent et l’estuaire de la région des Grands Lacs. Le nom « Huron » est un surnom que les Français ont donné aux Wendats. Il signifie « tête de sanglier », en raison de la coiffure des hommes wendats, ou « voyou » ou « vaurien » en vieux français. Le nom de leur confédération était Wendat (Ouendat), qui signifie « habitants de l’île ». À l’époque de la traite des fourrures, les Wendats étaient les alliés des Français et les ennemis des Haudenosaunee. Après une série de conflits armés au 17e siècle, les Wendats ont été dispersés par les Haudenosaunee en 1650. Cependant, la nation wendat (connue sous le nom de Nation huronne-wendat) existe toujours et elle se trouve à Wendake au Québec. Selon le recensement de 2021, 6980 personnes ont déclaré être d’ascendance wendat.

Territoire et population
Historiquement, les membres de la confédération wendat sont les Attignawantans (« people of the bear » [peuple de l’ours]), les Attignaenongnehac (« makers of cords for nets » [fabricants de cordes pour les filets]), les Arendaronons (« people of the lying rock » [peuple du rocher couché]), les Tahontaenrats (« two white ears » [deux oreilles blanches] c’est-à-dire « deer people » [peuple du cerf]) et les Ataronchronons (« people of the bog » [peuple de la tourbière]). Chacun de ces peuples est appelé « nation » par les Français. Ceci signifie qu’ils sont des entités politiques et territoriales distinctes avec des cultures et des langues semblables ainsi qu’une lointaine origine commune. (Voir aussi Territoire autochtone.)
Les « Bear » et les « Cord Makers » sont les premiers habitants de ce qui est aujourd’hui la partie nord du comté de Simcoe en Ontario. À la fin du 16e siècle, les trois autres nations migrent de la rive nord du lac Ontario et de la région de la baie de Quinte. Elles se joignent aux Bear et aux Cord Makers afin de former une alliance défensive informelle contre leurs ennemis communs, les cinq nations Haudenosaunee situées au sud du lac. En 1649 et en 1650, lors de la destruction de la patrie des Wendats (parfois appelée Huronie) par les Haudenosaunee, environ 500 Wendats quittent la baie Georgienne pour se réfugier près des Français dans la région de Québec.
Avant 1600, on compte de 20 000 à 25 000 Wendats, mais entre 1634 et 1642, leur population est réduite à 9000 en raison d’une série d’épidémies, en particulier de rougeole, de grippe et de variole. De nos jours, la nation Wendat de Wendake au Québec compte 5155 membres inscrits en date d’avril 2024 (voir Hurons-Wendats de Wendake). Certaines populations s’identifient également comme Wyandot ou Wyandotte (il s’agit également de peuples wendats) aux États-Unis.
Vie traditionnelle
Les Wendats vivent dans 18 à 25 villages, certains comptant jusqu’à 3500 habitants. Leur économie de subsistance repose sur le maïs, le haricot, la courge, et le poisson. La chasse est d’importance mineure, sauf en automne et vers la fin de l’hiver, et elle se pratique bien au-delà des limites du territoire occupé. À l’époque des premiers contacts avec les Français au début du 17e siècle, les Wendats, qui sont d’excellents agriculteurs, occupent un territoire d’environ 880 km2. Ils le nomment Wendake, et sa densité de population est de 23 habitants par km2. Les plus grands villages sont bien fortifiés à l’aide de palissades. Ils sont habituellement situés sur des emplacements légèrement élevés à proximité d’une source d’eau permanente et de bons sols cultivables. Les Wendats déménagent tous les dix à quinze ans, après l’épuisement des sols et du bois de chauffage.
Les Wendats entretiennent d’étroites relations commerciales, sociales et politiques avec les Tionontati (Pétuns), les Neutres, les Odawas, les Nipissing et les Algonquins de la baie Georgienne et de la vallée d’Ottawa. Avec ces nations, ils échangent des surplus de maïs, de haricots et de cordes faites de « chanvre indien » (Apocynum cannabium) contre du tabac et des articles exotiques comme du cuivre, de la catlinite, des coquillages et des wampums. En 1609, ils se joignent à l’alliance militaire et commerciale que les Innus et les Algonquins forgent avec les Français en participant à un raid contre les Kanien'kehá:ka (Mohawks), une nation membre de la Confédération des Haudenosaunee.

Société et culture
Traditionnellement, les Wendats tracent leur descendance et leur héritage par la lignée féminine. Comme dans toutes les nations iroquoiennes, le groupe socioéconomique fondamental est la famille matrilinéaire élargie. Elle se compose de plusieurs familles nucléaires dont les membres féminins remontent à une mère ou une grand-mère. Cette femme dirige les affaires quotidiennes. La famille élargie habite des maisons longues d’une largeur d’environ 7 m et dont la longueur varie selon la taille de la famille. Des études archéologiques révèlent l’existence de maisons mesurant jusqu’à 90 m de longueur.
Chaque Wendat appartient à l’un des huit clans matrilinéaires. Les membres d’un clan se considèrent comme les descendants d’un ancêtre commun, l’ours, le cerf, la tortue, le castor, le loup, le huard/l’esturgeon, le faucon ou le renard, et ils ne sont pas autorisés à se marier au sein de leur clan. Certaines sources nomment le serpent et le porc-épic au lieu du renard et du huard/esturgeon. Un individu ne peut pas se marier avec un membre du clan de sa mère, mais il est autorisé à épouser un membre du clan de son père. La force du système des clans réside dans le fait que les membres, quels que soient les villages et les nations dans lesquels ils vivent, sont obligés de s’entraider en temps de besoin ou de guerre.
Les affaires du village sont gérées par deux conseils; l’un s’occupe des affaires civiles et l’autre, de la guerre. Tous les hommes de plus de 30 ans en sont membres. En théorie, les décisions sont prises par consensus. En réalité, les hommes âgés et les chefs élus des grandes familles ont tendance à dominer en raison de leur position dans la communauté et de leurs pouvoirs oratoires. Contrairement aux femmes âgées membres des Haudenosaunee, les femmes wendats n’ont que peu ou pas leurs mots à dire dans les conseils.
Langue
La langue wendat fait partie de la famille linguistique iroquoienne. Après des années de dispersion et la colonisation subséquente du territoire qui est maintenant le Canada, la langue wendat a failli disparaître. Toujours considérée en danger, la langue fait l’objet d’efforts de revitalisation par les peuples wendats qui mettent sur pied une variété de programmes éducatifs et d’initiatives, incluant un dictionnaire. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)
Histoire coloniale
Les Wendats forment des alliances commerciales et militaires avec les explorateurs français. Pour prouver la solidarité des Français envers leurs nouveaux alliés, Samuel de Champlain et deux volontaires français se joignent à un raid wendat contre leurs ennemis, les Haudenosaunee. (Voir aussi Relations entre les Autochtones et les Français.)
Afin de nouer des liens commerciaux plus étroits avec les Français et d’obtenir leur aide militaire, les Wendats acceptent les missionnaires. En 1615, des missionnaires récollets sont envoyés, et sont ensuite remplacés par des Jésuites en 1625. En 1633 et en 1635, Samuel de Champlain et le père Paul Le Jeune demandent aux Wendats de considérer des mariages entre eux et les Français. Les Wendats rejettent cette demande parce qu’ils considèrent que le mariage est une affaire entre deux individus et leurs familles, et qu’il n’est pas soumis aux décisions du conseil.
Au milieu des années 1630, les Wendats deviennent l’un des plus importants fournisseurs de fourrures des Français. Environ 500 hommes de divers villages sont impliqués dans le réseau wendat de traite des fourrures; ils rencontrent les fournisseurs de fourrures le long des routes de canotage qui mènent aux postes français situés sur le Saint-Laurent, et ils échangent ensuite les fourrures contre des marchandises françaises.
Lorsque les épidémies prennent fin au début des années 1640, toutes les nations autochtones des Grands Lacs en ont gravement souffert. Les groupes iroquoiens et algonquiens sont diminués de plus de moitié. Les Algonquiens, qui sont beaucoup moins nombreux et qui sont également touchés par la famine, subissent les pires pertes. Les réactions à cette crise sont variées. Parmi les Wendats, un débat divisé s’ensuit sur la question de savoir s’ils gardent les missionnaires parmi eux et demeurent alliés des Français, ou s’ils rompent tous leurs liens avec ceux-ci. La majorité des Wendats estiment qu’ils sont trop engagés auprès des Français et ils espèrent que ces derniers puissent éventuellement leur fournir une aide militaire.
Du côté des Haudenosaunee, les conseils de femmes réclament que les membres de clan morts durant les épidémies soient remplacés, de crainte que leur nation ne soit affaiblie et que des familles entières disparaissent. La méthode logique pour remplacer les membres disparus consiste à mener une guerre contre les groupes voisins possédant une culture similaire. Sur le plan politique, les conseils de guerriers voient également là une occasion d’atteindre leur ancien idéal, à savoir « agrandir la maison longue », en absorbant leurs voisins pour ne former qu’une seule nation, produisant ainsi une paix universelle. En 1643, le missionnaire jésuite Isaac Jogues, alors prisonnier des Kanyen'kehà:ka, écrit : « Le plan des Iroquois consiste à capturer si possible tous les Hurons, à éliminer les plus importants d’entre eux et à créer une nation avec le reste. » Le cri de ralliement des Haudenosaunee à ceux qu’ils sont sur le point d’attaquer est : « Venez vous joindre à nous pour que nous soyons un seul peuple sur un seul territoire. »
Certains spécialistes soutiennent que les motivations économiques territoriales jouent un rôle dans l’agression des Haudenosaunee. Cependant, les participants contemporains de ces événements, dont les Haudenosaunee eux-mêmes, ne mentionnent jamais ces motivations.
Dispersion des Wendats
Entre 1642 et 1646, les Haudenosaunee dispersent les Algonquiens de la vallée de l’Outaouais et attaquent les villages wendats de l’est. En 1648 et en 1649, à l’aide d’armes à feu hollandaises, ils vainquent et dispersent les Wendats; suivent ensuite les Tionontati en 1649-1950, les Neutres en 1651, et les Ériés en 1656. Lors de ces guerres, environ la moitié de la population wendat ayant survécu aux épidémies est décimée.
Pendant et après la guerre, près de 3000 Wendats se joignent aux Haudenosaunee, dont les « Deer » et la plupart des nations « Rock »; ils établissent tout deux un village parmi les Onöndowa’ga (ou Sénécas). Ceux-ci représentent la majeure partie de la « faction traditionnelle » des Wendats. En 1649, environ 1000 d’entre eux, majoritairement la « faction chrétienne », prennent la fuite avec les Jésuites à Christian Island dans la baie Georgienne. En raison de la famine et du froid, seuls 300 survivent jusqu’au printemps de 1650. Ils s’installent sur l’île d’Orléans et sont bientôt rejoints par 300 autres réfugiés. Ces survivants sont composés en grande partie par les « Bear », quelques « Rock » et les « Cord Makers ». En 1656 et en 1657, afin de clore les négociations de paix avec les Haudenosaunee entamées en 1653, qui exigent notamment que les Wendats se joignent à eux, les Français forcent le reste des Wendats établis près de Québec à se joindre à leurs ennemis. Les « Rock » se joignent aux Onondagas, et quelques « Bear » se joignent aux Kanyen'kehà:ka. Le restant des « Bear » et tous les « Cord » refusent et quittent l’île d’Orléans exposée, d’abord pour Sillery, et ensuite pour Lorette, où leurs descendants vivent toujours aujourd’hui.
La « faction anti-Haudenosaunee traditionaliste » des Wendats se réfugie chez les Tionontati en 1649, et elle part avec eux pour Michilimackinac en 1650. Le groupe, composé majoritairement de Tionontati, est plus tard nommé les Wyandots (« Wyandottes » aux États-Unis), une déformation anglaise du mot « Wendat ». Au milieu des années 1650, ils se trouvent autour de la baie Green, et après qu’un village d’Odawas se joigne à eux, ils se déplacent vers le cours supérieur du Mississippi. Attaqués par les Dakotas, les Wyandots et les Odawas s’enfuient d’abord à Chequamegon sur le lac Supérieur, et en 1671, ils retournent à Michilimackinac. En 1704, les Wyandots et les Odawas s’installent près de la nouvelle ville de Detroit (1701).
En 1738, les Wyandots se divisent en deux factions lors d’une querelle avec les Odawas et les Français. Une faction part à Sandusky, et ensuite dans la vallée de l’Ohio en 1748. L’autre s’installe de l’autre côté de la rivière, en face de Detroit. Durant la guerre de Sept Ans, les Wyandots de Detroit combattent aux côtés des Français et, après la guerre, ils se joignent aux forces des Pontiac pour se battre contre les Anglais. Leurs descendants, aujourd’hui acculturés, vivent dans la région de Windsor. Les Wyandots de l’Ohio sont contraints de céder leurs terres aux États-Unis suite à la Révolution américaine. En 1830, après l’adoption du Indian Removal Act par le Congrès, ils sont déplacés sur une réserve au Kansas. En 1867, après l’adoption du Kansas-Nebraska Act (1854), les quelque 200 Wyandots restants sont déplacés de force vers une réserve de l’Oklahoma avec leurs anciens ennemis, les Sénécas. (Voir aussi Réserves au Canada.)

Vie contemporaine
La nation Wendat de Wendake au Québec (Nation huronne-wendat) est dirigée par un conseil composé d’un chef et de chefs de famille (voir Hurons-Wendats de Wendake). La Nation offre une variété de services à ses membres, dont une école (École Wahta’), un établissement de santé (Centre de santé Marie-Paule-Sioui-Vincent) et un service de police (Service de police de Wendake). On y trouve également l’Hôtel-Musée Premières Nations, qui sert d’hôtel, de musée et de centre d’événements.