Les Wendats ou Ouendats (aussi connus sous le nom de Hurons-Wendats ou Hurons-Ouendats) sont une nation parlant une langue iroquoienne qui s’est installée dans la vallée du Saint-Laurent et l’estuaire du Saint-Laurent dans la région des Grands Lacs. « Huron » est un surnom que les Français ont donné aux Wendats. Il signifie « tête de sanglier », ce qui fait allusion aux coiffures des hommes wendats, ou alors « voyou » ou « vaurien » en ancien français. Leur nom dans la confédération était Wendat (Ouendat), qui signifie « habitants de l’île ». À l’époque de la traite des fourrures, les Wendats étaient les alliés des Français et les ennemis des Haudenosaunee (Iroquois). Après une série de conflits armés au 17e siècle, les Wendats ont été dispersés par les Haudenosaunee en 1650. Cependant, la nation wendate (connue sous le nom de Nation huronne-wendat) existe toujours. Elle se trouve à Wendake, au Québec.
Territoire et population
Historiquement, les membres de la confédération wendate sont les Attignawantans (« peuple de l’Ours »), les Attignaenongnehac (« peuple de la Corde utilisée pour fabriquer des filets »), les Arendaronons (« peuple du Rocher plat »), les Tahontaenrats (« deux oreilles blanches », donc « peuple du Cerf ») et les Ataronchronons (« peuple du Marais »). Ces peuples sont appelés « nations » par les Français parce qu’il s’agit d’entités politiques et territoriales distinctes ayant des cultures et des langues semblables ainsi qu’une lointaine origine commune. (Voir aussi Territoire autochtone.)
Les peuples de l’Ours et de la Corde sont les premiers habitants de ce qui est aujourd’hui la partie nord du comté de Simcoe, en Ontario. À la fin du 16e siècle, les trois autres peuples quittent la rive nord du lac Ontario et la région de la baie de Quinte. Elles se joignent aux peuples de l’Ours et de la Corde afin de former une alliance défensive contre leurs ennemis communs, les cinq nations haudenosaunee situées au sud du lac. En 1649 et en 1650, pendant la destruction du territoire natal des Wendats (parfois appelé Huronie) par les Haudenosaunee, environ 500 Wendats quittent la baie Georgienne pour se réfugier chez les Français dans la région de Québec.
Avant 1600, on compte de 20 000 à 25 000 Wendats mais, de 1634 à 1642, leur population tombe à 9 000 en raison d’une série d’épidémies, en particulier de rougeole, de grippe et de variole. De nos jours, la Nation huronne-wendat de Wendake, au Québec, compte 4 056 membres inscrits (données de juillet 2018). Certaines populations s’identifient également comme Wyandot ou Wyandotte (il s’agit aussi de peuples wendats) aux États-Unis.
Vie traditionnelle
Les Wendats sont répartis en 18 à 25 villages, certains comptant jusqu’à 3 500 habitants. Leur économie de subsistance repose sur la culture du maïs, du haricot et de la courge, et sur la pêche. La chasse constitue une activité mineure, sauf en automne et vers la fin de l’hiver, et se pratique bien au-delà des limites du territoire occupé. À l’époque des premiers contacts avec les Français, au début du 17e siècle, les Wendats, d’excellents cultivateurs, occupent un territoire d’environ 880 km2. Ils le nomment Wendake, et sa densité de population est de 23 habitants par kilomètre carré. Les villages les plus importants sont puissamment fortifiés à l’aide de palissades. Ils sont habituellement situés sur des emplacements légèrement élevés à proximité d’une source d’eau permanente et de bons sols cultivables. Les Wendats déménagent tous les 10 à 15 ans après l’épuisement des sols et du bois de chauffage.
Les Wendats ont des échanges commerciaux, des liens sociaux et des relations politiques étroites avec des Tionontati (Pétuns), des Neutres, des Odawas, des Nipissing et des Algonquins de la baie Georgienne et de la vallée d’Ottawa. Avec ces nations, ils échangent du maïs, des haricots et de la corde faite de « chanvre indien » ( Apocynum cannabium) contre du tabac et des articles exotiques comme du cuivre, de la catlinite, des coquillages et des wampums. En 1609, après avoir participé à un raid contre les Kanien'kehá:ka (Mohawks), membres de la Confédération Haudenosaunee, ils se joignent à l’alliance militaire et commerciale conclue par les Innus (aussi connus sous le nom de Montagnais) et les Algonquins avec les Français.
Société et culture
Traditionnellement, les Wendats suivent des règles de descendance et d’héritage matrilinéaires. Comme dans toutes les nations iroquoiennes, l’unité socioéconomique fondamentale est la famille matrilinéaire élargie. Elle se compose de quelques familles nucléaires dont les femmes ont en commun une mère ou une grand-mère. Cette femme dirige les affaires quotidiennes. La famille élargie habite des maisons longues d’une largeur d’environ 7 m et dont la longueur varie selon la taille de la famille. Des études archéologiques font état de maisons atteignant jusqu’à 90 m de longueur.
Chaque Wendat appartient à l’un des huit clans matrilinéaires. Les membres d’un clan se considèrent comme les descendants d’un ancêtre commun (l’Ours, le Cerf, la Tortue, le Castor, le Loup, le Huard/l’Esturgeon, le Faucon ou le Renard), et n’ont pas le droit de se marier entre eux. Certaines sources parlent de Serpent et de Porc-épic plutôt que de Renard et de Huard/d’Esturgeon. Un enfant ne peut pas se marier avec un membre du clan de sa mère, mais il est autorisé à épouser un membre du clan de son père. La force du système des clans réside dans le fait que les membres, quels que soient les villages et les nations dans lesquels ils vivent, sont obligés de s’entraider en temps de besoin ou de guerre.
Deux conseils gèrent les affaires du village : l’un s’occupe des affaires civiles et l’autre, des affaires militaires. Tous les hommes de plus de 30 ans en sont membres. En principe, toutes les décisions sont prises par consensus. Toutefois, en réalité, les hommes âgés et les chefs élus des grandes familles ont tendance à s’imposer en raison de leur statut dans la communauté et de leurs pouvoirs oratoires. Contrairement aux femmes haudenosaunee âgées, les femmes wendates ont peu ou pas droit à la parole durant les conseils.
Langue
La langue wendate fait partie de la famille linguistique iroquoienne. Après des années de dispersion et la colonisation subséquente du territoire qui compose actuellement le Canada, la langue des Wendats disparaît pratiquement. Toujours considérée en danger, la langue fait toutefois l’objet d’efforts de revitalisation par les peuples wendats, qui mettent sur pied divers programmes éducatifs et initiatives, dont l’élaboration d’un dictionnaire. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)
Histoire coloniale
Les Wendats forment des alliances commerciales et militaires avec les explorateurs français. Pour prouver la solidarité des Français à l’égard de leurs nouveaux alliés, Samuel de Champlain et deux volontaires français se joignent à un raid contre les ennemis des Wendats, les Haudenosaunee. (Voir aussi Relations entre les Autochtones et les Français.)
Afin de nouer des liens commerciaux plus étroits avec les Français et d’obtenir leur aide militaire, les Wendats acceptent de recevoir des missionnaires. En 1615, des missionnaires récollets sont envoyés, puis remplacés par des jésuites en 1625. En 1633 et en 1635, Samuel de Champlain et le père Paul Le Jeune demandent aux Wendats d’autoriser les mariages entre eux et les Français. Les Wendats rejettent cette demande : ils considèrent que le mariage est une affaire entre deux individus et leur famille, et qu’elle ne relève pas du conseil.
Au milieu des années 1630, les Wendats deviennent l’un des plus gros fournisseurs de fourrures des Français. Environ 500 hommes de divers villages sont impliqués dans le réseau wendat de traite des fourrures. Ces hommes rencontrent des fournisseurs le long des itinéraires de canotage qui mènent aux postes français situés sur le Saint-Laurent, et échangent bientôt leurs fourrures contre des marchandises françaises.
Toutes les populations autochtones de la région des Grands Lacs souffrent beaucoup des épidémies qui prennent fin au début des années 1640. Les populations iroquoiennes et algonquiennes diminuent de plus de moitié. Les Algonquiens, beaucoup moins nombreux et également victimes d’une famine, subissent les pertes les plus importantes. Les réactions à cette crise sont variées. Un débat clivant éclate chez les Wendats à savoir s’ils garderont les missionnaires parmi eux et demeureront les alliés des Français, ou s’ils rompront tout lien avec ceux-ci. La majorité des Wendats pensent que leur engagement auprès des Français est trop fort et espèrent qu’ils leur fourniront une aide militaire.
Du côté des Haudenosaunee, les conseils de femmes réclament que les membres de clan morts durant les épidémies soient remplacés, craignant que la nation haudenosaunee ne soit affaiblie et que des familles entières disparaissent. La solution logique pour remplacer les membres disparus consiste à partir en guerre contre les peuples avoisinants possédant une culture similaire. Sur le plan politique, les conseils de guerriers voient là une occasion d’atteindre leur vieil idéal, à savoir « agrandir la maison longue », en absorbant leurs voisins pour ne former qu’une seule nation, ce qui garantirait une paix universelle. En 1643, le père missionnaire jésuite Isaac Jogues, alors prisonnier des Kanyen'kehà:ka, écrit : « Le plan des Iroquois consiste à capturer si possible tous les Hurons, à en éliminer les plus importants ainsi qu’une grande partie et à garder les autres afin d’édifier un seul pays. » Le cri de ralliement des Haudenosaunee face à ceux qu’ils s’apprêtent à attaquer est : « Venez nous rejoindre pour que nous soyons un seul peuple sur un seul territoire. »
Certains spécialistes affirment que l’hostilité des Haudenosaunee s’explique en partie par des motivations économiques et territoriales. Cependant, les contemporains de ces événements, dont les Haudenosaunee eux-mêmes, ne mentionnent jamais ces motivations.
Dispersion des Wendats
De 1642 à 1646, les Haudenosaunee chassent les Algonquiens de la vallée de l’Outaouais et attaquent les villages wendats de l’Est. En 1648 et en 1649, à l’aide d’armes à feu hollandaises, ils vainquent et chassent les Wendats, puis les Tionontati en 1649 et en 1650, les Neutres en 1651 et les Ériés en 1656. Lors de ces guerres, environ la moitié de la population wendate ayant survécu aux épidémies disparaît.
Pendant et après ces conflits, pas moins de 3 000 Wendats se joignent aux Haudenosaunee, dont les « Cerfs » et la plupart des « Rochers ». Ces deux peuples, qui établissent un village parmi les Onöndowa’ga (ou Sénécas), représentent la majeure partie de la « faction traditionnelle » des Wendats. En 1649, environ 1 000 d’entre eux, appartenant majoritairement à la « faction chrétienne », prennent la fuite avec les Jésuites vers l’île aux Chrétiens, dans la baie Georgienne. En raison de la famine et du froid, seuls 300 survivent jusqu’au printemps 1650. Ils s’installent sur l’île d’Orléans et sont bientôt rejoints par 300 autres réfugiés. Parmi ces survivants, on compte surtout des « Ours », quelques « Rochers » et des « Cordes ». En 1656 et en 1657, afin de clore les négociations de paix qui ont été commencées en 1653 avec les Haudenosaunee et exigent entre autres que les Wendats se joignent à eux, les Français forcent le reste des Wendats établis près de Québec à rejoindre leurs ennemis. Les « Rochers » intègrent les Onondagas, et quelques « Ours » se joignent aux Kanyen'kehà:ka. Les autres « Ours » et l’ensemble des « Cordes » refusent d’obéir et quittent l’île d’Orléans, exposée, d’abord pour Sillery, puis pour Lorette, où leurs descendants vivent toujours aujourd’hui.
La « faction antihaudenosaunee et traditionaliste » des Wendats se réfugie chez les Tionontati en 1649 et part avec eux pour Michilimackinac en 1650. Le groupe ainsi constitué, composé majoritairement de Tionontati, sera plus tard appelé les Wyandots (« Wyandottes » aux États-Unis), une déformation en anglais du mot « Wendat ». Au milieu des années 1650, ils sont situés autour de la baie Green, puis après qu’un village d’Odawas s’est joint à eux, ils se déplacent vers le cours supérieur du Mississippi. Attaqués par les Dakotas (Sioux), les Wyandots et les Odawas s’enfuient d’abord à Chequamegon, sur le lac Supérieur, puis retournent à Michilimackinac en 1671. En 1704, les Wyandots et les Odawas s’installent près de la toute nouvelle ville de Détroit (fondée en 1701).
En 1738, les Wyandots se scindent en deux factions lors d’une querelle avec les Odawas et les Français. Une faction part à Sandusky, puis dans la vallée de l’Ohio en 1748. L’autre s’installe de l’autre côté de la rivière, en face de Détroit. Durant la guerre de Sept Ans, les Wyandots de Détroit combattent aux côtés des Français puis, après la guerre, ils se battent contre les Anglais dans les forces de Pontiac. Leurs descendants, aujourd’hui assimilés, vivent dans la région de Windsor. Les Wyandots de l’Ohio sont quant à eux contraints de céder leurs terres aux États-Unis au lendemain de la Révolution américaine. En 1830, après l’adoption de l’Indian Removal Act par le Congrès, ils sont déportés dans une réserve du Kansas. En 1867, après l’adoption du Kansas-Nebraska Act (1854), les quelque 200 Wyandots restants sont déplacés de force vers une réserve de l’Oklahoma avec leurs anciens ennemis, les Sénécas. (Voir aussi Réserves au Canada.)
Vie contemporaine
La nation wendate de Wendake, au Québec (la Nation huronne-wendate), est présidée par un conseil composé d’un chef et de chefs de famille. Elle offre plusieurs services à ses membres, dont une école (École Wahta’), un centre de santé (Centre de santé Marie-Paule-Sioui-Vincent) et un service de police (Service de police de Wendake). On y trouve aussi l’Hôtel-Musée Premières Nations, qui est un hôtel, un musée et un centre d’événements.