L’art du mordillage de l’écorce de bouleau consiste à perforer, avec les dents, des motifs sur des feuilles d’écorce de bouleau, fines comme du papier, minutieusement repliées. On sait que cette technique était traditionnellement pratiquée par les Ojibwés ( Chippewas), les Cris et d’autres peuples algonquiens qui faisaient un important usage de l’écorce de bouleau pour fabriquer des contenants à usage domestique, des recouvrements architecturaux, des canots d’écorce et des parchemins pictographiques. Malgré les efforts coloniaux pour assimiler culturellement les peuples autochtones dans la société canadienne, leurs artistes ont maintenu cette pratique en vie. (Voir aussi : Art autochtone au Canada et Art autochtone contemporain.)
Qu’est‑ce que l’art du mordillage de l’écorce de bouleau?
Pour produire des œuvres par mordillage de l’écorce de bouleau, les artistes plient plusieurs fois de minces morceaux d’écorce de bouleau, puis utilisent leurs dents pour créer des motifs ou une image, faisant tourner la pièce dans leur bouche pour obtenir plus facilement le résultat souhaité.
Historiquement, les femmes autochtones s’adonnaient occasionnellement à cette activité, chaque artiste utilisant ses propres techniques et ses arbres préférés. Il s’agissait d’un moyen d’expérimenter des motifs qui seraient plus tard transposés sur des piquants de porc‑épic ou des appliqués de perles ornant des contenants en écorce ou des vêtements en peau. (Voir aussi Piquants de porc‑épic ornementaux.)
Le saviez‑vous?
Mazinibaganjigan est le terme ojibwé désignant l’art du mordillage de l’écorce de bouleau. (Voir aussi L’anishinaabemowin : la langue ojibwée.)
Artistes pratiquant la technique du mordillage de l’écorce de bouleau
L’artiste crie Angelique Merasty Levac (1924‑1996) du lac Amisk (Beaver), en Saskatchewan, est l’une des spécialistes du mordillage de l’écorce de bouleau les plus connues. Avec sa technique et son style, Merasty Levac a considérablement élargi la gamme des motifs géométriques traditionnellement utilisés, intégrant à ses œuvres de riches motifs curvilignes de fleurs, d’insectes, d’animaux et d’humains.
Inspirée par Merasty Levac, Pat Bruderer (Half Moon Woman), de la Première Nation crie de Peter Ballantyne, est autodidacte dans cette forme d’art. À l’occasion de sa première production de JNF, des pièces de sa collection Iskotew – Burnt Originals ont été incendiées conjointement avec des produits médicinaux traditionnels fabriqués à partir de cèdre et de foin d’odeur. Le travail de Pat Bruderer est exposé dans des musées et des galeries du monde entier.
L’artiste innue Thérèse Thelesh Begin pratique le mordillage de l’écorce de bouleau depuis son enfance. Aujourd’hui, elle transmet son savoir aux nouvelles générations d’artistes autochtones. Sa famille pratique ce type d’activité depuis des générations, elle‑même considérant qu’il s’agit plus d’une forme de spiritualité que d’un simple art.
Le mordillage de l’écorce de bouleau dispose aujourd’hui du statut de « bel art » sur le marché, grâce au travail de divers artistes autochtones, leurs œuvres ayant également contribué à préserver et à promouvoir leurs cultures respectives.