Pour le témoignage complet de M. Asham, veuillez consulter en bas.
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Transcription
Je m’appelle Bill Shead. Je suis un membre de la Première Nation Peguis, et je suis un officier retraité de la Marine, ayant servi dans la Marine canadienne pendant plusieurs décennies. J’aimerais vous conter l’histoire de la famille de mon arrière-grand-père. Mon arrière-grand-père était William Asham, il était un ancien chef et conseiller de la bande de Saint-Pierre. La bande de Saint-Pierre a été cédée, ou je devrais plutôt dire la réserve de Saint-Pierre, la terre que la bande occupait a été cédée en 1917, et les gens ont été relocalisés dans ce qui est maintenant la Première Nation Peguis.
L’histoire intéressante de la famille Asham est liée à l’histoire même de Saint-Pierre et à la cession de la terre. On pourrait croire qu’une communauté de gens qui ont souffert d’injustice pourrait ne pas vouloir servir au sein des Forces armées canadiennes. Mais plusieurs membres de la bande des Peguis ont servi durant la Première et durant la Deuxième Guerre mondiale ainsi que dans les Forces armées après la Deuxième Guerre mondiale.
L’histoire que j’aimerais vous raconter est celle du fils de William Asham, Kenneth McLure Asham, et de six de ses petit-enfants. Commençons avec Kenneth. Kenneth s’est enrôlé dans le 108e Bataillon à Selkirk au Manitoba en 1916. Il est parti outre-mer vers l’Angleterre, où le 108e a été démantelé. Les soldats ont été envoyés en France afin de renforcer d’autres unités. Kenneth était un renforcement pour le 78e Bataillon et s’est joint à eux en France alors qu’ils étaient positionnés et se préparaient à la bataille de la crête de Vimy. Malheureusement, Kenneth a été tué à cause d’un accident impliquant une bombe une semaine avant la bataille de la crête de Vimy, probablement dans une pratique en prévision de la bataille. Lorsqu’ils parlent d’un accident impliquant une bombe, je crois qu’ils parlent d’un accident impliquant une grenade, pas une bombe lancée d’un avion. Dans le cas de Ken, il a été enterré à Berlin, près de Vimy. 90 ans après sa mort, ma femme et moi avons été capables de visiter sa tombe lors d’un voyage en France. C’était très émouvant, parce que c’était quelques jours seulement avant la réouverture officielle du monument commémoratif de Vimy.
Nous avons profité de notre présence en France pour aller en Normandie. La Normandie est intéressante parce que quatre des petits-fils de William Asham ont servi au sein de différentes unités qui ont participé au débarquement de Normandie. Tout d’abord, mon oncle Tom Asham a servi au sein du Fort Garry Horse et a participé au débarquement du jour J avec eux. Il a survécu à la guerre et est retourné à la vie de civil, mais il a plus tard été tué dans un accident minier dans le nord du Manitoba au début des années 1950. Harry Cook et Albert Cook, deux frères et cousins d’oncle Tom, ont aussi servi en Normandie. Albert Cook a été fait prisonnier après avoir été gravement blessé. Harry et Albert sont tous les deux décédés récemment. Harry du cancer, Albert après une longue bataille contre une santé défaillante. Juste avant de mourir, Albert a reçu la Légion d’honneur que lui a remise la France pour son service en Normandie.
Mon oncle Tom avait trois autres cousins: Orton, Howard, et Ebenezer Asham. Morton a servi outre-mer avec le Corps royal canadien des ingénieurs, électriciens et mécaniciens. Howard a servi dans l’Aviation royale et Ebenezer a aussi servi au sein du Fort Garry Horse. Ils ont tous servi durant la Deuxième Guerre mondiale. Howard et son frère Orton ont continué leur service après la Deuxième Guerre mondiale. Howard a pris sa retraite en tant que sergent-chef de l’Aviation royale, et Orton a pris sa retraite en tant qu’adjudant-maitre.
On pourrait croire que le service militaire allait se terminer là, mais afin de suivre la tradition (ou le hasard), mon frère Tom et moi avons servi pendant plus de 30 ans. Tom au sein de l’Aviation, où il a pris sa retraite comme adjudant-maître, et moi au sein de la Marine, où j’ai pris ma retraite en tant que lieutenant-commandant. C’est l’histoire des Ashams, plus précisément du fils de William Asham, de ses 6 petits-fils et des 2 arrières-petits-fils. Cela ne fait qu’illustrer l’ampleur de la participation des personnes de descendance autochtone aux principales guerres auxquelles le Canada a participé, mais aussi l’ampleur de la participation des communautés autochtones au service militaire au sein des Forces armées canadiennes. La famille Asham et les bandes de Saint-Pierre et Peguis ne sont pas des exceptions. Il y a beaucoup de familles qui ont une longue histoire dans les Forces armées canadiennes. On peut mieux le constater en marchant dans le cimetière de la vieille église Saint-Pierre, qui était l’église de la bande autochtone Saint-Pierre. Il y a là plusieurs pierres tombales de soldats, et plusieurs marqueurs qui n’indiquent pas des tombes, mais soulignent la mémoire de soldats qui ont été tués outre-mer.