La pirogue
est un type populaire de canot traditionnellement utilisé par les peuples autochtones
et les premiers colons partout où la grosseur des arbres rend sa construction
possible. La pirogue atteint le sommet de sa popularité le long de la Côte
Ouest, où les eaux grouillantes de vie (baleines, phoques, otaries,
saumons,
flétans, harengs,
ouchalons et crustacés), abritent une faune maritime complexe.
Construction
Les
pirogues utilisées par les peuples
autochtones des forêts sont faites de bois tendre comme le cèdre, le
tilleul d’Amérique et le balsamier. Le cèdre rouge géant est le bois préféré
des fabricants les plus reconnus. Ils cherchent de préférence des rondins
flottants mais, lorsqu’ils n’en trouvent pas, ils abattent des arbres à l’aide
de masses en pierre ou de ciseaux en os, en bois de cervidé ou en pierre, et en
les brûlant de façon contrôlée.
Ils utilisent
des herminettes pour façonner la forme extérieure du canot, ensuite pour évider
le tronc. Pour rendre le canot flexible, on utilise de l’eau chaude. Des
écarteurs en bois sont alors insérés entre les plats-bords pour élargir le canot
au-delà de la largeur naturelle du tronc de l’arbre. Les parties supérieures du
canot sont taillées à part pour être ensuite fixées à la poupe ou à la proue à
l’aide d’une technique de couture. Avant la venue des canots en planches, les
colons fabriquaient des pirogues d’une très belle qualité à l’aide d’outils en
métal.
Les
pirogues sont décorées de motifs animaliers colorés avec de l’ocre rouge, des
restes de bois carbonisés et un assortiment de dents d’animaux et de
coquillages. La propulsion se fait à l’aide de pagaies simples en forme de
feuilles ainsi que de voiles carrées et tressées de bandes de cèdre.
Types de pirogues
Bien que la
taille et la forme des pirogues de la Côte Ouest varient considérablement, deux
modèles de base sont plus fréquents parmi les grands canots de mer longs de 10
à 15 m.
La pirogue
de type nordique utilisée par les Tlingit
s, les Tsimshian
s, les Nuxalk
(Bella Coola) et les Kwakwaka'wakw
est perfectionnée par
les Haïdas
de Haida
Gwaii. Elle est caractérisée par une coque arrondie, des côtés évasés et
une forte courbure des plats-bords qui se terminent aux deux extrémités par de
hautes saillies. La proue allongée se termine par un taille-mer presque vertical.
Les intrépides marins haïdas dominent le commerce côtier et leurs canots sont
les objets d’échange les plus précieux aux yeux des Premières
Nations du continent.
La forme
des pirogues de type chinook ou du Sud est l’œuvre des Nuu-chah-nulth
de la côte ouest de l'île
de Vancouver. Leurs canots, très recherchés par les peuples salish et makah
du continent, sont en forme de V avec des côtés évasés et une étrave basse et verticale
qui se termine par une petite plate-forme surélevée. La tonture de cette
embarcation s’élève en une courbe gracieuse jusqu’à une proue saillante ressemblant
à une tête de cerf ou de chien.
Les colons croyaient à tort que ces énormes canots océaniques, conçus
pour le commerce et la chasse à la
baleine et au phoque, étaient des « pirogues de guerre ». Les
premiers explorateurs maritimes ont bel et bien observé des pirogues de guerre
authentiques, atteignant jusqu’à 24 m de longueur, munies d’une proue de
protection caractéristique qui était à la fois haute et large pour protéger les
pagayeurs contre les projectiles des ennemis. Toutefois, ces canots se font
très rares dans les années 1860.
Les pirogues de nos jours
Les pirogues de la Côte Ouest sont en grande partie supplantées par les bateaux motorisés au début du 20e siècle. Toutefois, une pirogue du style des Nuu-chah-nulth est encore utilisée par les peuples autochtones de la Côte Ouest pour les courses de canot.