Article
Purges dans le service public canadien pendant la guerre froide : le cas des personnes LGBTQ
Entre les années 1950 et 1990, le gouvernement canadien a répondu aux préoccupations en matière de sécurité nationale dues aux tensions avec l’Union soviétique durant la Guerre froide en espionnant et en dénonçant les personnes suspectées d’appartenir à la communauté LGBTQ et en les éliminant de la fonction publique fédérale. Ces personnes ont été qualifiées de subversives sur les plans social et politique et ont été considérées comme les cibles potentielles d’un chantage que pourraient exercer les régimes communistes pour obtenir des renseignements classifiés. Ces caractérisations ont été justifiées par des arguments selon lesquels les personnes entretenant des relations amoureuses avec des personnes du même sexe souffraient d’une « faiblesse de caractère » et avaient nécessairement quelque chose à cacher en raison de leur orientation sexuelle, celle-ci étant non seulement considérée comme étant un tabou, mais également comme étant illégale dans certains cas. En conséquence, la GRC a mené des enquêtes sur un large nombre de personnes. Plusieurs d’entre elles ont été licenciées, rétrogradées ou forcées de démissionner, même si elles n’avaient aucun accès à des renseignements de sécurité. Ces mesures n’ont pas été rendues publiques afin de prévenir les scandales et de garder le secret sur les opérations de contre‑espionnage. En 2017, le gouvernement fédéral a présenté des excuses officielles pour ses actions et politiques discriminatoires, ainsi qu’un plan de mesures d’indemnisation de 145 millions de dollars.