L’art autochtone au Canada possède une tradition forte et variée qui défie la catégorisation générale. Au travers du pays, la sculpture, la broderie et le perlage produits par les Inuits, les Premières Nations et les Métis sont connectés de manière distincte à un lieu et à une communauté.
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L’art contemporain autochtone au Canada s’est construit sur cette base forte avec des artistes divers interprétant leur réalité avec des supports nouveaux et en évolution constante. La première vague d’artistes contemporains tels que Benjamin Chee Chee, Norval Morrisseau,Carl Beam et Kananginak Pootoogook, ainsi que celle des sculpteurs tels que Bill Reid et Joe David (qui ont évolué depuis sur la tradition de Charles Edenshaw) ont ouvert le chemin à Duane Linklater, Kent Monkman, Brian Jungen, Rebecca Belmore, Annie Pootoogook et bien d’autres.
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Les écrivains autochtones au Canada défient également la catégorisation. Les poètes, les auteurs dramatiques et les romanciers tels que Rita Joe, Eden Robinson, Tomson Highway, Thomas King, Lee Maracle, Richard Wagamese, Joseph Boyden, Michael Kusugak, Waawaate Fobister et d’autres, ont mené la littérature autochtone au premier plan de la scène littéraire au Canada. Un imaginaire riche et des thèmes inéluctablement politiques dévoilent la douleur du passé tout en célébrant l’expression culturelle et en avançant au travers des combats actuels.
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Tout comme leurs homologues plus établis, les artistes et les écrivains du programme Arts et récits Autochtones explorent leur identité au travers de l’expression individuelle tout en repoussant une catégorisation simple et clichée. Ces artistes et écrivains atteignent la majorité dans une ère de renouvellement d’activisme, où l’identité autochtone est célébrée, tout en rejetant de façon créative l’appropriation, le colonialisme et l’assimilation. Ces dix œuvres, cinq récits et cinq œuvres d’art, sont représentatives du futur de l’art et de la rédaction autochtones au Canada et un brillant avenir s’annonce.
Living The Dream Since 1492
Note d'auteur
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Brandan Wilson a photographié son frère de sept ans, Phoenix, dans un costume fait maison qui représente le cliché d’un « Indien d’Hollywood », autour de Sudbury faisant des choses ayant de l’importance pour la vie autochtone contemporaine.
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« Lui seul dans de la ville, dans des lieux tels que l’épicerie, l’arrière d’un véhicule de police, la soupe populaire, l’église, le presbytère et l’école. Il y a deux photos plus grandes de Phoenix qui tient son certificat de statut. Aucune autre culture au Canada n’est identifiée par le gouvernement canadien par des cartes d’identité. Je voulais montrer que mon frère, moi-même, ma famille, ma culture est plus qu’une carte et que la « civilisation » n’était pas civilisée. »
With Friends
Note d'auteur
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Cette peinture ré-imagine le moment où ma mère a été enlevée de sa famille biologique parmi les enfants de la « Sixties Scoop ». Lorsque j’étais adolescent, bien avant que faire de l’art ne représente un intérêt pour moi, ma mère a partagé avec moi les souvenirs de ce moment. Au travers des années, j’ai pensé à son histoire et à tous les enfants qui ont été enlevés inutilement de leurs propres familles pour être placés n’importe comment dans une autre famille ou emprisonnés dans des écoles de missionnaires. La réalité de tout cela paraît absurde et impossible. De quel droit un homme n’ayant aucune familiarité pourrait-il aller dans le foyer d’une autre personne, y enlever les enfants, puis les conduire vers un avenir inconnu et horrifiant tel un joueur de flûte de Hamelin pervers. Cela ne paraît vraiment pas bien loin des dessins animés et des contes morbides que je lisais étant enfant.
Going Back or Home
Note d'auteur
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« Going Back or Home » est sur le pouvoir de la volonté des générations plus récentes de regarder en arrière et de chercher des anciens enseignements. Il y a plusieurs facteurs différents en jeu et la composition est totalement influencée de manière plus contemporaine. Le mélange d’art de rue et de bois dans cette œuvre lui apporte un visuel fragmenté, un contraste de couleurs fortes, un vernis et un effet de dripping, cela entraîne différentes interprétations possibles à l’image. Étant de descendance métissée, j’ai toujours ressenti le désir de me rapprocher de mes racines, que ce soit en Afrique, au Cap-Vert ou ici au Canada avec ma famille Anishinabek et ma mère qui vient de la région de Rivière des Français.
Se souvenir pour ne pas oublier, Nikokom
Note d'auteur
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Raconter, parler, partager. J'ai voulu représenter la réalité d'une langue fragile que l'on se doit de sauvegarder. Nikokom, avec qui je n'ai jamais eu la chance de discuter réellement, me fait réaliser que c'est une partie de moi que je ne peux pas entendre, et le temps passe. Alors je me sers de l'image, la photographie, pour me permettre de figer le temps, et donner à voir un espace trop présent qui sépare.
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Je me permets de lui écrire, comme si elle pouvait comprendre à quel point j'ai envie de changer cette réalité, et que je ferai ce qu'il faut pour y arriver. L'art me permet de dire, ce qui souvent ne peut être vu. Et dans ce cas-ci, l'art me permet de voir, ce que je ne peux lui dire. »
Tarnikuluk
Extrait
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Tulugak se dressait sur un poteau de téléphone robuste devant l’église de
Une autre âme s’était jointe à Tulugak sur le poteau de téléphone sous forme d’un corbeau plus petit et moins majestueux. Elle était timide et hésitante, et elle ne comprenait pas pourquoi il y avait tellement de monde au-dessous d’eux. Tulugak attendait qu’elle ait suffisamment de courage pour parler. Quelques moments plus tard, elle avait demandé, en poussant un cri sauvage : « Est-ce que ce sont mes funérailles? »
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Note d’auteur
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Dans ma nouvelle, il s’agit des effets intergénérationnels que l’âme d’une jeune femme inuite qui vient de se suicider a subis. Dans son voyage après sa mort, elle est guidée par Tulugak, un corbeau mythologique des Inuits qui a eu sa punition pour ses manières malicieuses, et pour avoir causé la mort et la renaissance de la déesse de mer, Nuliajuk. Traditionnellement, les Inuits croyaient à la réincarnation de toutes les créatures vivantes. J’ai pris cette idée et j’ai joué avec celle-ci, mais même de nos jours, elle dépeint exactement comment les communautés font face à une tragédie de suicide. Je ne donne pas de nom d’une communauté particulière, car cette nouvelle appartient à tous les Inuits qui ont vécu l’expérience des décès par suicides de ceux qu’ils aimaient. De 2011 à 2013, on compte 105 suicides mortels au Nunavut. La plus jeune personne suicidaire n’avait que11 ans.
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« Tarnikuluk » est un mot inuktitut qui signifie « petite âme ».
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Lisez la nouvelle complète d’Aviaq Johnson ici.
Liens maternels
Extrait
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Un professeur et le prêtre de St. Mary ont amené les hommes du musée à la maison de mes grands-parents. Ils leur ont montré la réserve, car ces hommes cherchaient des choses à exposer dans leur musée à Banff. Ils ont vu ma grand-maman porter sa robe comme elle leur servait le peu de nourriture et de thé qu’ils avaient dans leurs coffres, et ils lui ont offert 70 $ pour sa robe. Ma grand-maman dit que les 70 $ qu’elle a eus pour sa robe suffisaient pour se débrouiller avec la nourriture pour deux mois d’hiver.
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Note d’auteur
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La perte de la culture matérielle des Autochtones a contribué à l’état de détresse dans lequel se retrouvaient de nombreuses familles. C’était une époque où les anthropologues, les archéologues et beaucoup d’institutions occidentales avaient l’intention de « préserver » les cultures qu’ils percevaient comme étant en voie de disparition. Leurs méthodes de préservation étaient d’acquérir, de cataloguer, d’archiver et d’entreposer les objets sacrés et personnels qui contribuaient à maintenir l’identité autochtone.
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Avec ma nouvelle, j’espère avoir réussi à exprimer la perte ressentie par cinq générations de femmes d’une même famille. Outre la perte, j’ai aussi voulu exprimer l’espoir dans un avenir meilleur. La narratrice, Mary Stands Alone, se remémore un moment pas si lointain de sa vie où elle et sa famille se sont senties fières.
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Lisez la note complète de Sable Sweetgrass ici.
Hiatsk
Extrait
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Il soupire, se lève et commence à marcher vers sa maison dans l’obscurité, se sentant tout à fait à l’aise. Un petit animal surgit de nulle part et traverse le sentier en courant. Il ne veut pas de mal, mais Joseph est stupéfié et tombe dans la crevasse profonde la tête première. Il crie pour obtenir de l’aide, bien qu’il sache qu’il est trop loin de ceux au-dessus qui peuvent l’entendre. Il lutte en vain en ressentant la neige glaciale qui couvre son corps. Il ferme ses yeux et attend la mort.
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« Prends ma main. »
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Note d’auteur
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Le traité des Nisga’a de 2000 a été le premier à être signé par un groupe autochtone et le gouvernement de la Colombie-Britannique. Les Nisga’a ont obtenu un gouvernement indépendant avec le même système juridique que possédaient les autres gouvernements locaux. De plus, le CCC, la Charte et d’autres lois s’appliquaient depuis aux Nisga’a comme à tous les Canadiens. J’ai choisi d’écrire une nouvelle sur ces événements, car le traité présentait un des cas quand le titre des Premières Nations a été reconnu, et il n’a pas été aboli depuis. Le processus de l’entente était une longue bataille, et j’ai cru que ma nouvelle était indispensable pour mettre en lumière ce morceau de l’histoire des Premières Nations.
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Lisez la nouvelle complète de Trevor Jang ici.
Notay Kiskintamowin « Désir de savoir »
Extrait
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DELLA-ROSE
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Je ne savais pas que j’étais Autochtone avant il y a à peu près 15 ans… Je pensais que j’étais Mexicaine.
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PIXIE
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Mexicaine? Ça se voit de loin que t’es une neech… Comment t’aurais pu penser que t’étais Mexicaine?
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DELLA-ROSE
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Bon, j’ai su que j’avais été adoptée à l’âge de 13 ans et que j’avais été née au Manitoba. Ma sœur ainée, Bonnie, est allée à Winnipeg pour un spectacle symphonique. Quand elle est rentrée, elle a dit qu’il y avait eu beaucoup de Mexicains à Winnipeg et que je leur ressemble. Donc, j’ai présumé que j’étais Mexicaine.
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Note d’auteur
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Je crois que cet ouvrage m’a servi d’un moyen d’aborder ma frustration engendrée par des vérités négatives de la société que notre peuple endure dans la vie, en restant fidèle à son sens de l’humour et à sa persévérance. Je n’ai pas encore fini mon ouvrage. Je ne sais pas si je le finirai. En grandissant comme personne et comme écrivaine, je vais y retourner et ajouter à cette nouvelle.
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Lisez la nouvelle complète de Shaneen Robinson ici.
Trois personnages et un registre
Excerpt
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La petite fille
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En 1985, moment où les femmes autochtones ont remporté une victoire historique envers le gouvernement du Canada, voyait le jour pour la première fois une toute petite fille. La communauté abénakise d’Odanak était le centre de son univers. Cette petite fille y grandit en se demandant trop souvent qui elle était. Ni ceci, ni cela non plus. Qui est ce personnage? Elle était de ceux qu’on dit sans statut. Celle qui faisait l’envie de personne. Mais cette petite fille avait un allié aux forces sous-estimées. Il était fort. Il était fier. Une fois arrivé dans la communauté, il avait dû surmonter les mêmes épreuves que la petite fille. Ils avaient tous les deux connus la discrimination.
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Artist Statement
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Avons été confrontées – difficultés bien souvent identitaires – les Autochtones sont résilients. Je me suis inspirée de ma propre histoire familiale pour rédiger le texte. Cette histoire n’est pas unique à ma famille, d’autres familles autochtones l’ont également vécue aussi. Mon grand-père m’a raconté plusieurs fois cette histoire, mais cela m’a pris un moment avant d’en comprendre réellement le sens. Je désire maintenant vous la raconter à ma façon. Je tiens ainsi à rendre hommage à mon grand-père et à ma mère en partageant une partie de leur histoire avec la population canadienne. Sans eux, je ne serais pas la personne que je suis maintenant.
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Lisez la nouvelle complète de Suzie O’Bomsawin ici.