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Le Canada et le mouvement pour l’interdiction des mines terrestres

Au milieu des années 1990, le Canada est devenu un leader mondial du mouvement pour l’interdiction des mines terrestres. Elles sont des armes explosives très meurtrières. En décembre 1997, les représentants de 122 pays se sont réunis à Ottawa pour signer le Traité d’interdiction des mines (ou Convention d’Ottawa), qui est entré en vigueur le 1er mars 1999. Ayant été signé par plus de 80 % des pays du monde, il s’agit d’un des traités les plus largement ratifiés. Le gouvernement du Canada continue à encourager le déminage dans le monde entier en participant aux opérations des Nations Unies liées au déminage, en soutenant des organismes comme la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel et en assurant de la formation, de l’éducation et du financement pour les opérations de déminage.

Qu’est-ce qu’une mine terrestre?

Les mines terrestres, utilisées en zone de conflit pour empêcher l’accès à un lieu déterminé, sont des contenants remplis d’explosifs dont la détonation est déclenchée par la pression ou un fil de détente. Habituellement cachée ou camouflée, la mine mutile ou tue lorsqu’elle est involontairement déclenchée par une personne ou un véhicule. Les mines sont petites, peu coûteuses et faciles à installer. Les zones où les mines sont déployées sont généralement appelées des champs de mines.

Il y a plusieurs types de mines terrestres. Les mines antipersonnel sont petites, d’un diamètre généralement inférieur à 10 cm. Elles sont conçues pour tuer ou blesser les personnes qui les déclenchent. Les mines antichar sont déclenchées seulement par le poids beaucoup plus important des véhicules. Les véhicules qui les déclenchent sont détruits. Souvent, les personnes présentes à l’intérieur sont aussi tuées ou blessées.

Les victimes peuvent être tuées ou estropiées par le souffle direct de l’explosion, mais aussi par les fragments projetés. Les mines terrestres demeurent actives pendant des années après la fin des conflits. Pour cette raison, elles représentent une menace pour les civils, comme les cultivateurs qui essaient de remettre les terres en culture, et les enfants qui peuvent les ramasser, ne comprenant pas le danger qu’elles représentent. La Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel a rapporté qu’en 2018, les enfants ont compté pour 54 % des civils tués par des mines terrestres.

Histoire des mines terrestres

Les premières versions de mines terrestres sont mises au point pendant la Première Guerre mondiale pour être utilisées contre les chars de combat. Entre 1918 et 1939, le développement et l’utilisation des mines antipersonnel deviennent une priorité pour les stratèges militaires. Ces mines ciblent des soldats et sont liées à des objectifs militaires spécifiques. Dans les années 1960 et 1970, au cœur de la Guerre froide, l’utilisation des mines par les forces gouvernementales et les armées de guérilla est généralisée, et les mines sont souvent disséminées au hasard.

Des millions de mines antipersonnel ont été abandonnées dans des zones de combat dans plus de 55 pays. Il est difficile d’estimer avec précision le nombre de ces mines car beaucoup des groupes armés qui les ont installées conservaient peu de documentation. Les mines en plastique sont difficiles à détecter et doivent être retirées à la main, un processus qui exige beaucoup de temps et de main-d’œuvre. Dans les zones affectées par les mines terrestres, les terrains minés empêchent parfois les civils de cultiver la terre ou d’accéder à leurs sources d’eau ou de bois de chauffage.

Les premières initiatives pour agir contre ces armes remontent à la fin de la Guerre froide. En 1992, un nombre d’organisations non gouvernementales de différents pays s’associent pour former la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel et demander le bannissement de ces armes.

La Convention d'Ottawa

Désarmement et traité d’Ottawa

Les premières initiatives pour l’élimination des mines terrestres se concentrent sur le système de désarmement des Nations-Unies. Mais les militants anti-mines sont rapidement désenchantés par ce qu’ils considèrent comme un processus bureaucratique et complexe. En 1992, les organisations non gouvernementales commencent à sensibiliser l’opinion publique mondiale aux impacts des mines antipersonnel.

Le premier ministre Jean Chrétien aborde le sujet de l’interdiction des mines terrestres avec d’autres dirigeants durant le sommet du G7 en 1995. En janvier 1996, le Canada, la France et la Suisse annoncent un moratoire sur l’utilisation, la production, le commerce et l’exportation des mines antipersonnel. En mai 1996, des pays se réunissent pour amender la Convention des Nations Unies sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques de 1980. Toutefois, plusieurs nations demeurent insatisfaites des restrictions sur les mines qui ont été adoptées. Un petit groupe de pays, réunis à Genève, jugent qu’une interdiction totale est nécessaire. Le gouvernement du Canada, craignant que cet engagement s’émousse avec le temps, insiste pour qu’une nouvelle conférence soit tenue avant la fin de l’année. Celle-ci se déroule en octobre de la même année.

À partir de ce moment, le mouvement pour l’interdiction des mines terrestres progresse à une vitesse accélérée. Cinquante nations se réunissent à Ottawa pour explorer l’idée d’une interdiction mondiale. Certains ont des réserves car les mines constituent un élément très efficace de leur arsenal militaire. Bien que des personnalités militaires de premier plan aient remis en question la validité de cet argument, les États-Unis refusent fermement de participer à l’interdiction des mines terrestres en invoquant ce motif. Rompant avec les règles traditionnelles de la diplomatie, le ministre des Affaires étrangères du Canada, Lloyd Axworthy, surprend les délégués en annonçant que le Canada convoque une autre réunion en décembre 1997 afin de conclure un pacte interdisant l’utilisation, la production et l’exportation de mines antipersonnel.

En octobre 1997, le coordonnateur de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, l’Américain Jody Williams, reçoit le prix Nobel pour les six années qu’il a consacrées à faire avancer l’initiative. Un mois plus tard, le Canada entreprend la tâche de détruire ses stocks de mines. Le 3 et le 4 décembre 1997, les représentants de 122 pays se rencontrent à Ottawa pour signer un traité visant à débarrasser le monde des mines antipersonnel. Les réunions culminent par la signature du Traité d’interdiction des mines antipersonnel (ou traité d’Ottawa), qui entre en vigueur le 1er mars 1999. Le traité engage les membres signataires à détruire leurs stocks de mines dans un délai de quatre ans. On demande aux délégués d’accepter les termes du traité sans négociation.

Plus de 20 ans après son adoption, 164 États ont ratifié le traité d’Ottawa, et 33 pays ayant déjà été minés sont considérés comme libres de mines antipersonnel. En 2014, les pays signataires du traité d’Ottawa se sont fixé l’objectif d’éliminer complètement les mines terrestres d’ici 2025.

Résistances

En 2020, 32 États n’ont pas encore signé le traité d’Ottawa, incluant certains des plus importants manufacturiers de mines, comme les États-Unis, la Chine et la Russie.

De plus, les efforts pour nettoyer les champs de mines n’ont pas accéléré de façon notable après le traité, bien que plusieurs pays ont investi de l’argent dans le développement de nouvelles technologies de déminage. La plupart de ces technologies, comme les véhicules de déminage lourds, sont coûteuses et pour cette raison conviennent mal aux pays en voie de développement. Une autre approche consiste à confier à des soldats démobilisés la tâche de déminer les anciennes zones de combat à l’aide de méthodes conventionnelles. Peu importe la méthode, des mines sont retirées et le danger pour les civils diminue dans certaines parties du monde.

Les champs de mines sont loin d’être chose du passé. En décembre 2001, l’Inde et le Pakistan ont entrepris les plus importantes opérations de minage depuis de nombreuses années, disséminant des mines antipersonnel le long de leur frontière commune de 2 800 km. En 2001 et 2002, les factions combattantes en Afghanistan ont utilisé des mines antipersonnel, malgré les importantes opérations de déminage des années 1990 et l’adhésion du pays au traité d’Ottawa le 22 septembre 2002. L’armée du Népal a installé des mines au moins jusqu’à la fin de l’insurrection dans ce pays en 2006. Au Myanmar, les troupes du gouvernement continuent à utiliser massivement les mines.

Parmi les pays qui continuent à utiliser ou à stocker des mines antipersonnel depuis au moins 2019, on compte la Russie, la Chine, le Pakistan et l’Inde.


Efforts de déminage

La Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel supervise les opérations de déminage dans le monde. Les opérations de déminage sont réalisées par des organisations non gouvernementales, comme le Mines Advisory Group et le HALO Trust, ou par des entreprises, comme BACTEC, un groupe de compagnies qui se spécialisent dans la neutralisation des mines terrestres et le nettoyage des zones de combat.

La Fondation des mines terrestres du Canada est un organisme caritatif agréé qui recueille des fonds et sensibilise le public aux mines terrestres et à leurs effets néfastes. Elle soutient le déminage, les programmes éducatifs et l’aide aux victimes. En 2022, la Fondation avait distribué 3,7 millions de dollars pour des projets comme l’entraînement de chiens détecteurs de mines et le développement de technologies robotiques pour le déminage.

Le Canada a soutenu le déminage dans des pays comme l’Afghanistan, le Cambodge et la Bosnie, en assurant de la formation et en finançant des programmes de sensibilisation et de déminage. Le Canada soutient les opérations de déminage des Nations Unies ainsi que les programmes liés d’organismes comme la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel.