Mildred Vera Lobb (née Peters), O.C., médecin, radio-oncologue, chercheuse (née le 28 avril 1911 à Thistletown, en Ontario; décédée le 1er octobre 1993 à Toronto, en Ontario). Connue professionnellement sous le nom de Dre Vera Peters, elle a mené des recherches révolutionnaires sur la maladie de Hodgkin (maintenant désignée sous le nom de lymphome de Hodgkin) et sur le cancer du sein, qui ont conduit à des changements dans le traitement de ces maladies. (Voir aussi Cancer; La recherche sur le cancer du sein au Canada.) Vera Peters est également l’une des pionnières des soins centrés sur le patient, qui donnent la priorité aux patients dans le processus de prise de décision relatif au traitement médical, et qui constituent aujourd’hui le modèle appliqué en matière de soins de santé.
Jeunesse et éducation
Mildred Vera Peters naît à Thistletown, en Ontario, en 1911. Sa mère, Rebecca Mair, est enseignante et son père, Charles, est producteur laitier. Pour les parents, les études sont importantes et ils soutiennent tous leurs enfants dans leur éducation. Le père de Vera meurt lorsqu’elle a 11 ans et elle grandit avec sa mère et ses six frères et sœurs. Élève exceptionnelle, elle fait ses études dans une école à classe unique de Thistletown et obtient son diplôme d’études secondaires à l’âge de 16 ans.
À 17 ans, Vera Peters s’inscrit à l’Université de Toronto, où elle commence des études en physique et en mathématiques. Ses six frères et sœurs l’aident à payer ses frais de scolarité. Après un an d’études, elle rejoint la faculté de médecine de l’université (voir Formation médicale). Pendant ses études, elle joue au hockey féminin.
Pendant ses études de médecine, Vera Peters rencontre le Dr Gordon Richards, directeur du service de radiologie de l’Hôpital général de Toronto, qui traite sa mère pour un cancer du sein (voir Cancer). Pionnier de la radiothérapie au Canada, le Dr Richards devient au fil du temps un mentor médical important pour Vera Peters. En 1933, la mère de Vera Peters meurt d’un cancer du sein métastatique. La perte de sa mère la marque profondément et inspire son travail ultérieur dans le domaine de la radio-oncologie. En 1934, Vera Peters reçoit son diplôme de la faculté de médecine de l’Université de Toronto. Sur les 115 nouveaux médecins diplômés, seuls 10 sont des femmes. À cette époque, les femmes qui étudient en médecine continuent de faire face à des défis en raison de leur sexe.
Débuts professionnels
Une fois diplômée, Vera Peters poursuit sa formation médicale en effectuant une résidence en chirurgie à l’Hôpital St. John’s de Toronto, en Ontario. Pendant cette période, elle étudie le cancer et l’anatomie chirurgicale. En 1935, Vera Peters commence à travailler comme apprentie du Dr Gordon Richards à l’institut de radiothérapie de l’Ontario de l’Hôpital général de Toronto. En 1937, elle commence à travailler à l’Hôpital général de Toronto en tant qu’adjointe de recherche en radiothérapie. Bien qu’il n’existe à l’époque aucune formation officielle dans le nouveau domaine de la radio-oncologie, Vera Peters travaille aux côtés du Dr Gordon Richards et aiguise ses compétences en radiothérapie. Au fil du temps, elle commence à traiter de nombreux patients atteints de cancer, notamment de la maladie de Hodgkin.
Maladie de Hodgkin
La maladie de Hodgkin, aujourd’hui connue sous le nom de lymphome de Hodgkin, est un type de cancer qui prend naissance dans les globules blancs et s’attaque au système lymphatique. Dans les années 1940, la maladie de Hodgkin est encore considérée comme une forme de cancer mortelle et incurable. Cependant, certains patients de Vera Peters et Gordon Richards guérissent. En 1947, après 10 ans passés à l’hôpital général de Toronto, Vera Peters commence à examiner les dossiers de patients atteints de la maladie de Hodgkin afin d’évaluer leurs méthodes de traitement. Sur les conseils du Dr Richards, Vera Peters analyse minutieusement les dossiers de 113 patients atteints de la maladie de Hodgkin ayant reçu une radiothérapie. Vera Peters publie les résultats de son étude en 1950, apportant ainsi plusieurs contributions importantes au domaine. Premièrement, elle introduit un système de classification en trois phases qui permet d’évaluer la gravité de la maladie et fournit une base pour la planification du traitement. Ce système de classification ouvre la voie au système actuel à quatre phases. Deuxièmement, elle constate que la durée de survie augmente considérablement pour les patients qui reçoivent une radiothérapie à un stade précoce de la maladie. Troisièmement, elle constate qu’un traitement à forte dose de radiothérapie des ganglions lymphatiques touchés, ainsi que des ganglions voisins, augmente le taux de survie des patients au premier stade de la maladie de Hodgkin. Les conclusions optimistes de la Dre Peters remettent en question les croyances qui prévalent à l’époque et son étude de 1950 est largement ignorée par la communauté médicale.
Malgré les doutes de ses pairs, Vera Peters persiste et présente une deuxième étude actualisée en 1956, qui attire cette fois l’attention de la communauté médicale. En examinant 291 cas de maladie de Hodgkin parmi les patients, elle constate que la radiothérapie à forte dose est très efficace pour traiter cette maladie, en particulier à un stade précoce. Vera Peters démontre que les patients peuvent bel et bien être guéris avec une intervention appropriée à un stade précoce de la maladie. La communauté médicale, loin d’accepter d’emblée ces résultats, attendra que d’autres études de recherche viennent les corroborer. Dans les années 1970, les médecins commencent à croire qu’on peut guérir de la maladie de Hodgkin. De ce fait, les oncologues commencent à modifier leurs protocoles de traitement, augmentant la quantité de rayonnements pour traiter la maladie de Hodgkin à un stade précoce. Vera Peters publiera des études sur la maladie de Hodgkin tout au long de sa carrière. Aujourd’hui, le lymphome de Hodgkin est considéré comme une forme de cancer qui se traite bien lorsqu’il est détecté à un stade précoce.
En 1958, la Dre Peters commence à travailler à l’Hôpital Princess Margaret de Toronto, nouvellement nommé (à l’origine l’Institut ontarien du cancer). Tous les patients de l’Institut de radiothérapie de l’Ontario sont transférés à l’Hôpital Princess Margaret.
Cancer du sein et tumorectomie
Les recherches de Vera Peters ont également un effet sur le mode de traitement du cancer du sein. Profondément ébranlée par le décès de sa mère des suites d’un cancer du sein, la Dre Peters s’engage à étudier son traitement tout au long de sa carrière. (Voir aussi La recherche sur le cancer du sein au Canada.) La mastectomie radicale, ou l’ablation de la totalité du sein et des muscles de la poitrine, est la principale forme de traitement du cancer du sein jusque dans les années 1970. La Dre Peters se montre préoccupée par les effets psychologiques et émotionnels négatifs de la mastectomie radicale sur les patientes. Toujours observatrice et curieuse, elle étudie de nouveau les dossiers des patientes afin d’évaluer l’incidence des différents traitements sur les taux de survie au cancer du sein. À partir de ces dossiers, elle publie de nombreuses études qui contribuent finalement à modifier le cours du traitement du cancer du sein. Dans sa première étude sur le cancer du sein, publiée en 1967, la Dre Peters préconise la tumorectomie, qui consiste à préserver le sein tout en retirant les tissus cancéreux, suivie d’une radiothérapie. Elle constate que ce traitement moins intrusif est tout aussi efficace que la mastectomie. Ses conclusions sont d’abord accueillies avec scepticisme par la communauté médicale. Cependant, d’autres études menées en Europe et aux États-Unis démontrent également que la tumorectomie conservatrice est tout aussi efficace que la mastectomie radicale.
Au fil du temps, la méthode de traitement privilégiée par la Dre Peters est petit à petit acceptée. En 1969, Vera Peters est invitée à prendre la parole à l’Hôpital M.D. Anderson de Houston, au Texas, sur le thème des approches conservatrices du traitement du cancer du sein. En conséquence, l’hôpital commence à pratiquer des tumorectomies conservatrices suivies de rayonnements. Cependant, le scepticisme général des professionnels de la santé perdure tout au long des années 1970. À partir d’environ 8 000 dossiers de patientes, la Dre Peters réalise la première étude contrôlée comparant des patientes atteintes d’un cancer du sein de stade 1 ayant subi une mastectomie et une radiothérapie à celles ayant subi une tumorectomie et une radiothérapie. Son étude confirme l’absence de différence dans les résultats. En 1975, elle présente les résultats de son étude au Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Les travaux de la Dre Peters sont enfin reconnus et acceptés. Aujourd’hui, la radiothérapie après une tumorectomie est recommandée pour traiter le cancer du sein à un stade précoce et réduire le risque de récidive ou de propagation.
Répercussions dans le système de santé
Les travaux de Vera Peters sur le lymphome de Hodgkin et le cancer du sein ont changé la manière de traiter ces maladies (Voir aussi Cancer; La recherche sur le cancer du sein au Canada). Le lymphome de Hodgkin est désormais considéré comme guérissable à un stade précoce et, depuis les années 1990, la tumorectomie suivie d’une radiothérapie est devenue le traitement standard du cancer du sein à un stade précoce. En plus de ses recherches révolutionnaires, la Dre Peters est également connue pour la compassion et la douceur dont elle fait preuve avec les patients atteints de cancer. Elle écoute attentivement leurs préoccupations et prend en compte leurs besoins émotionnels. Elle privilégie les pratiques compatissantes qui placent le patient au cœur de son traitement. Elle est reconnue comme une pionnière des soins centrés sur le patient, une méthode de traitement qui est maintenant la norme en médecine canadienne. On se souvient également d’elle comme d’un mentor toujours disposé à soutenir les nouveaux médecins.
Vie personnelle
Connue comme Mme Lobb dans sa vie privée, Vera Peters parvient à concilier travail et famille tout au long de sa carrière. Elle épouse Kenneth Lobb, enseignant d’éducation physique dans une école secondaire, avec qui elle aura deux enfants, Sandy et Jenny. Lorsqu’elle prend sa retraite de l’Hôpital Princess Margaret en 1976, Vera Peters ouvre un cabinet privé à Oakville, en Ontario. En 1984, on lui diagnostique un cancer du sein et elle décède des suites d’un cancer métastatique (cancer qui se propage de son point d’origine à un autre endroit du corps) en 1993 à l’Hôpital Princess Margaret.
Héritage
Vera Peters est intronisée à titre posthume au Temple de la renommée médicale canadienne en 2010 et au Panthéon canadien des sciences et du génie en 2013. En 2020, Vera Peters figure sur un timbre commémoratif émis par Postes Canada. Charles Hayter, dramaturge canadien et radio-oncologue, écrit en 2014 une pièce de théâtre célébrant la vie et le travail de la Dre Vera Peters, intitulée Radical.
Prix et distinctions
- Membre de l’Ordre du Canada (1975)
- Doctorat honorifique en sciences, Université York (1975)
- Médaille Antoine Béclère, Centre Antoine Béclère (1977)
- Officier de l’Ordre du Canada (1977)
- Médaille d’or, American Society for Therapeutic Radiology and Oncology (1979)
- Doctorat honorifique en droit, Université Queen’s (1983)