Depuis les
temps immémoriaux, les peuples autochtones inuits et subarctiques
ont traversé le Nord. Les
connaissances et les modes de transport autochtones ont aidé les premiers
explorateurs et marchands européens à voyager et à survivre sur ces étendues. La
colonisation ultérieure dépendait remarquablement du développement des systèmes
de transports. De nos jours, les réseaux de transport des communautés nordiques
varient d’un endroit à l’autre. Bien que la plupart des colonies éloignées ne soient
souvent accessibles que par voie aérienne, certaines ont des réseaux routiers,
ferroviaires et maritimes. Celles-ci sont souvent liées à des projets
industriels comme les mines.
Transport autochtone dans
le Nord
Traditionnellement, les habitants inuits de l’Arctique sont des chasseurs et des cueilleurs qui se déplacent de façon saisonnière d’un camp à l’autre. Les Inuit se servent de traîneaux et d’embarcations recouvertes de peaux, bien qu’on note des variantes régionales dans leur conception et leur utilisation. Des chiens tirent les traîneaux et servent d’animaux de chasse, ils repèrent les trous de respiration des phoques dans la glace de mer, ils chassent les bœufs musqués, ils tiennent les ours à distance, et ils servent de bêtes de somme durant l’été (voir Chien inuit canadien ; Traîneau à chiens). Les hommes utilisent des kayaks à une place pour chasser les mammifères marins et le caribou dans les lacs et rivières. Sur la mer de Beaufort et le long des côtes de l’Alaska, on se sert d’énormes umiaks recouverts de peaux pour chasser la baleine, bien que dans l’Arctique canadien (et au Groenland), les femmes utilisent surtout de telles embarcations pour le transport des biens ménager d’un endroit à l’autre.
Les peuples
autochtones de la région subarctique utilisent des raquettes, des toboggans, des canots, et des traîneaux. La survie de ces
peuples nomades dépend de leur capacité à voyager sur de longues distances. Les
raquettes sont essentielles pour les voyages en hiver. Les lourds chargements
sont transportés sur des toboggans et des traîneaux qui sont tirés à la fois
par des chiens et par des personnes. Durant l’été, ils voyagent avec leurs
effets personnels en canot sur les rivières et les lacs.
Exploration et traite des
fourrures
Le transport
maritime est le premier moyen par lequel les Européens accèdent au Nord. Les
explorateurs arrivent de l’est par la mer, les marchands de fourrures arrivent
du sud par le fleuve
Mackenzie et de l’est par la baie
d’Hudson, et plus tard, les baleiniers arrivent de l’ouest, autour de
l’Alaska. Après les efforts des premiers Européens pour trouver le passage
du Nord-Ouest, le premier transport organisé entre peuples non autochtones
du Nord est lié à la traite
des fourrures. Les navires de la Compagnie
de la Baie d’Hudson empruntent les routes commerciales dans l’est de l’Arctique,
alors que les canots et autres petites embarcations empruntent les routes de l’Ouest
(voir Canot
d’écorce de bouleau; Barge de
York).
Lors des
premiers jours du Canada, la colonisation se situe principalement dans le sud. Relier
les colonies du sud à celles du nord avec des routes s’avère extrêmement
coûteux. Alors que le pays s’industrialise,
des chemins de fer sont occasionnellement proposés pour relier le nord au sud. Cependant,
aucun de ces projets n’est réalisable.
La
population et le développement économique au nord du 60e parallèle
ne justifient pas les coûts des routes et des chemins de fer, et donc on
continue donc à desservir le Nord par voie maritime. Ce fait signifie que durant
7 à 9 mois de l’année, le transport est bloqué par la glace. Le long
du fleuve
Mackenzie, un transport maritime pratiquement continu est possible depuis
la tête de ligne de la voie ferrée à Waterways (aujourd’hui Fort
McMurray) dans le nord de l’Alberta jusqu’à l’océan Arctique. On
trouve un portage important sur la rivière
des Esclaves près de Fort Smith,
et les expéditions dépendent largement du niveau de l’eau dans les parties sud
du réseau. La CBH domine le trafic et entretient une petite flotte de bateaux
à vapeur pour le transport.
Transport aérien et
exploitation minière
L’avènement de l’avion révolutionne les transports. Les pilotes de
brousse, souvent d’anciens combattants de l’armée de l’air de la Première
Guerre mondiale, peuvent conduire leurs petits appareils là où aucun bateau
ne peut se rendre (voir Aviation
de brousse). Mieux encore, l’avion est pratiquement un moyen de transport
toute-saison. L’isolement hivernal prend fin. En utilisant les avions, les prospecteurs
peuvent travailler de façon beaucoup plus efficace. Un essor de prospection
est suivi par un développement de l’exploitation
minière, particulièrement à Yellowknife
et au Grand
lac de l’Ours.
L’exploitation
minière accroît le volume du trafic sur le fleuve
Mackenzie et crée une demande de concurrence pour faire baisser les tarifs
élevés pratiqués par la CBH. Plusieurs compagnies se forment, dont la plus durable
est la Northern Transportation Company Ltd. Cette compagnie devient une filiale
de Eldorado
Gold Mines Ltd. (qui devient plus tard Eldorado Nucléaire Limitée), une
compagnie de production d’uranium et
de radium.
Pendant ce temps, les opérations des pilotes de brousse s’amalgament en de plus
grandes sociétés, notamment les Lignes aériennes Canadien Pacifique, une filiale
du Chemin
de fer du Canadien Pacifique.
Transport dans le Nord
depuis la Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième
Guerre mondiale apporte d’autres changements. La route
de l’Alaska est construite du nord de la Colombie-Britannique
jusqu’au sud du Yukon. Ceci ouvre
le Nord à la circulation routière
pour la première fois, et démontre qu’un réseau routier est possible en tout
temps. L’armée américaine développe des aérodromes et un pipeline dans
la vallée du Mackenzie, augmentant ainsi encore les volumes de trafic dans la
région. Le temps de guerre est témoin de l’avènement de nouveaux avions plus
gros, particulièrement les DC-3 et DC-4, qui font du fret aérien quelque chose
de plus que du simple luxe pour la première fois. Tout de suite après la
guerre, la CBH abandonne ses activités de transport par bateau, et laisse ainsi
le champ libre à la Northern Transportation Company Ltd qui est devenue
entre-temps une société
d’État.
Northern
Transportation étend considérablement ses activités, particulièrement après la
construction de la ligne DEW au milieu des années 1950 (voir Ligne
de radars avancés). La compagnie opère en tant que transporteur public sur
le fleuve Mackenzie et dans l’océan Arctique, à l’ouest jusqu’en Alaska et à l’est
jusqu’à l’archipel
Arctique. En 1975, elle établit une succursale à Churchill
au Manitoba
pour desservir les communautés Keewatin de la côte ouest de la baie d’Hudson.
En 1985, Northern Transportation est vendue à une société inuite et
cesse donc d’être une société d’État.
Suite à la
production en masse de la motoneige
personnelle dans les années 1960, de nombreux Canadiens du Nord sont beaucoup
plus mobiles et connectés. Dans l’Arctique, la motoneige a changé la façon dont
les Inuits pratiquent la chasse, l’élevage
et le piégeage.
Ce véhicule a largement remplacé le traîneau à chiens.
On améliore les aéroports
pour accueillir de plus gros avions de la période d’après-guerre. Au tournant
du siècle, la White
Pass & Yukon Route est construite entre Whitehorse
et Skagway en Alaska. En 1964, le chemin de fer du Grand lac des Esclaves est
construit et relie l’Alberta au
Grand
lac des Esclaves. Une autoroute est construite pour relier Yellowknife
au nord de l’Alberta. Des routes de glace, reliant des endroits comme le Grand
lac de l’Ours à Yellowknife, sont également établies et restent ouvertes
durant les longs hivers. Le service aérien augmente, tout comme les dépenses
aéroportuaires.
Le saviez-vous?
La route de Dempster reliant Dawson à Inuvik, et prolongée jusqu’à Tuktoyaktuk en 2017 est la route la plus au nord du Canada. Le prolongement de 138 km, appelé autoroute Inuvik-Tuktoyaktuk, en fait la première route toutes saisons du Canada qui mène à l’océan Arctique. Avant 2017, une route de glace d’hiver atteignait Tuktoyaktuk en passant sur le fleuve Mackenzie gelé.
La Garde
côtière canadienne dispose de six brise-glace
dans les eaux nordiques. Ces navires aident à dégager les voies maritimes pour
les cargos qui approvisionnent les communautés du Nord.
Transport des exportations
dans le Nord
Les exportations
du grain des Prairies
sont expédiées chaque année outre-mer à partir de Churchill,
au Manitoba
depuis 1931. La fermeture du port de la ville en 2015 interrompt les
expéditions de grain pendant plusieurs années. Ces expéditions ont repris
lorsque de nouveaux propriétaires ont rouvert le port en 2019.
Au Nunavut, les
exportations de concentré de plomb et de zinc sont
parties de Nanisivik
de 1977 jusqu’en 2002, année où la mine et la colonie ont fermé. La mine
Polaris sur l’île Little Cornwallis exportait également des concentrés de plomb
et de zinc par voie maritime, de 1982 jusqu’à sa fermeture en 2002. De nos
jours, la mine Mary River sur l’île de
Baffin expédie du minerai de
fer directement vers les marchés étrangers. Cependant, la plupart des
exportations des mines du Nord voyagent d’abord par voie routière ou ferroviaire
avant d’être expédiées vers leurs marchés de destination. Le pétrole et
le gaz
naturel sont transportés vers le sud par pipeline.