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Herbert Philp

Herbert William Philp, MM, journaliste et soldat (né le 31 janvier 1889, à Sarnia, en Ontario; décédé le 19 janvier 1920, à Guelph, en Ontario). D’août 1914 à janvier 1919, Herbert Philp a écrit des lettres détaillées sur sa vie de soldat au sein du Corps expéditionnaire canadien (CEC) pendant la Première Guerre mondiale. La plupart de ses lettres ont survécu, offrant aux lecteurs d’aujourd’hui un récit de première main de la guerre, du point de vue d’un homme enrôlé, et une perspective unique sur une période où les lettres du front de l’Ouest étaient soumises à une censure militaire stricte (voir Loi sur les mesures de guerre).

Photo d’Herbert William Philp, date inconnue.

Jeunesse et formation

Herbert Philp est l’aîné des trois enfants nés de William Philp, musicien, compositeur et professeur de chant, et de sa seconde épouse, Mary Elizabeth (née Leadly). Il a 11 demi‑frères et demi‑sœurs issus du précédent mariage de son père avec Henrietta (née Sweeten), décédée en 1885. En tant que musicien, William Philp mène une vie itinérante, sa famille résidant successivement dans plusieurs villes, notamment London, Waterloo, Winnipeg et Charlottesville, en Virginie, avant de finalement s’installer à Guelph, où il devient chef d’orchestre de la Guelph Musical Society. (Voir aussi Musique à Guelph.)

Herbert Philp apprend la trompette, le cornet et la clarinette auprès de son père et joue dans le Guelph Musical Society Band. Il fréquente le Guelph Collegiate Institute et s’enrôle dans l’unité de la milice locale, le 30th Regiment, connu sous le nom de Wellington Rifles, où il est trompettiste.

Après l’obtention de son diplôme de fin d’études secondaires, Herbert Philp étudie le journalisme à l’Université de Toronto, sans toutefois réussir à décrocher son diplôme. Il retourne ensuite à Guelph et travaille comme journaliste pour le Guelph Herald. Son journal le transfère alors à Stratford, en Ontario, pour travailler comme rédacteur en chef adjoint dans une publication sœur, le Stratford Herald. (Voir aussi Journaux au Canada.)

Carrière militaire

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, Herbert Philp fait partie des premiers volontaires à s’engager. Il s’enrôle le 12 août 1914 et, dès le 24 août, il se retrouve dans le nouveau camp d’entraînement de l’armée, à Valcartier, au Québec, où il est affecté comme trompettiste au 1er Quartier général divisionnaire des transmissions.

Le 30 septembre, Herbert Philp quitte le Québec à bord de la flottille qui emmène le premier contingent du CEC en Angleterre. Il passe les mois suivants à camper dans la plaine de Salisbury, où les Canadiens doivent endurer un hiver froid et humide dans des conditions d’hébergement insalubres.

En février 1915, Herbert Philp se rend en France avec son régiment. Au cours des trois années et neuf mois qui suivent, il est souvent présent dans les tranchées de première ligne, à la lisière du no man’s land (voir Guerre de tranchées). Il participe également à plusieurs engagements majeurs, le premier étant, en mai 2015, la deuxième bataille d’Ypres, au cours de laquelle les Allemands utilisent pour la première fois des gaz toxiques. (Voir aussi Le Canada et la guerre des gaz.) Ses fonctions de trompettiste étant limitées, il se voit confier des tâches de guetteur et d’observateur, c’est‑à‑dire qu’il doit se placer à un endroit d’où il est en mesure de guider les tirs d’artillerie et de rendre compte aux commandants sur le terrain des mouvements vers l’avant des troupes. Il reçoit la Médaille militaire pour « bravoure remarquable et dévouement au devoir, le 15 août 1917 », à l’occasion de la bataille de la cote 70.

Après l’armistice du 11 novembre 1918, Herbert Philp fait partie des troupes canadiennes qui pénètrent en Allemagne, où il tombe malade et est hospitalisé.

Retour au pays et décès

Herbert Philp est déclaré médicalement inapte à la poursuite d’une activité militaire et est rapatrié au Canada pour invalidité. Il arrive à Guelph en juillet 1919, mais n’est officiellement libéré de ses fonctions que le 17 octobre. Le Mercury l’embauche comme rédacteur en chef, mais il tombe à nouveau malade début janvier 1920 et décède peu après. (Voir aussi Journaux au Canada.)

Correspondance de Herbert Philp

De son arrivée à Valcartier, au Québec, en 1914, jusqu’à sa dernière correspondance connue en tant que soldat, datée du 9 janvier 1919, Herbert Philp rédige de nombreuses lettres sur ses expériences en temps de guerre. Il est donc l’un des relativement rares membres du CEC à consigner un témoignage oculaire portant sur toute la période de la guerre. La plupart des soldats envoient des lettres à leurs familles et il est courant que ces dernières les fassent publier dans les journaux locaux. (Voir aussi Journaux au Canada.) Conformément à cette pratique, sa famille communique ses lettres au Mercury Guelph. Il adresse également directement des lettres au Mercury, au Stratford Herald, au Canadian Courier et à d’autres publications canadiennes. Journaliste lui‑même, doté d’un style soigné, il rédige sa correspondance avec un grand souci du détail, offrant à ses lecteurs des récits précis et convaincants de la vie dans les campements et dans les tranchées (voir Guerre de tranchées).

À l’instar de la couverture officielle de la presse, les lettres des soldats font l’objet d’une censure militaire, par crainte qu’elles ne contiennent des renseignements qui pourraient être utiles à l’ennemi ou des présentations négatives susceptibles de saper le moral de la population sur le front intérieur (voir aussi Loi sur les mesures de guerre). Pour une raison ou pour une autre, les lettres de Herbert Philp passent la censure sans être « caviardées ». C’est dans ce contexte que The Canadian Courier peut écrire, à propos de la description par le natif de Sarnia des conditions régnant dans la plaine de Salisbury, datée du 16 novembre 1914, qu’il s’agit « d’un récit, écrit par un homme du rang, constituant une description saisissante des conditions météorologiques, des gens et des circonstances, comme la presse canadienne n’en avait jamais publiée ». Dans son compte rendu, il aborde des sujets généralement tabous comme la contrebande d’alcool au sein du camp canadien, transmettant ainsi à la population des renseignements en contradiction avec ce que publient les journaux sur la base des rapports officiels.

Herbert Philp écrit sur la monotonie de la vie au campement, entre les batailles, sur la joie de recevoir des boîtes de cadeaux envoyées par sa famille et sur sa participation, en tant que musicien, aux fanfares de son régiment. Ses lettres constituent des chroniques extrêmement vivantes de la vie quotidienne sur le front de l’Ouest, sans éviter, toutefois, de rendre compte en détail des horreurs de la guerre, comme dans ce passage d’une lettre non datée parue dans le Mercury du 5 juin 1915, décrivant la deuxième bataille d’Ypres :

« L’ennemi nous bombarde sans relâche… Un homme a la moitié du visage arraché. Un autre est allongé, de nombreux éclats d’obus dans la tête… Dehors, sur des brancards, des hommes aux jambes et aux bras brisés et au corps plein de plombs frissonnent dans l’air glacial. »


Le 27 juin 1915, Herbert Philp fait l’objet de mesures disciplinaires, au sujet desquelles l’historien de la famille, Richard B. Philp, fait l’hypothèse qu’elles pourraient être dues au non‑respect des règles de la censure militaire.

Postérité

La correspondance d’Herbert Philp est conservée dans les archives du Mercury, à la bibliothèque publique de Guelph et à la bibliothèque commémorative Mills de l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario. L’historien Edward Butts a rassemblé les lettres du soldat‑journaliste et les chroniques détaillées de ses expériences lors de la Première Guerre mondiale et les a intégrées à son ouvrage, publié en 2021 par la Guelph Historical Society, This Withering Disease of Conflict: A Canadian Soldier’s Chronicle of the First World War.